Ottawa, le 7 mars 2006 - Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant des commentaires faits dans le cadre de l’émission Fun radio diffusée à l’antenne de CKOI-FM (96,9 de Montréal). Une des animatrices a fait des commentaires au sujet des Asiatiques, lesquels la majorité des membres du Comité régional du Québec du CCNR a trouvé abusifs et indûment discriminatoires, et par conséquent à l’encontre de la disposition sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR). Une minorité des membres de ce Comité était toutefois d’avis que ces commentaires n’enfreignent pas cette disposition du Code.
Dans l’épisode du 22 juin 2005 de Fun radio, l’animatrice et comique Cathy Gauthier a exécuté un numéro dans lequel elle a discuté de « choses qu’[elle] est un peu gênée d’admettre. » Elle a admis, entre autres, qu’elle n’est pas capable de différencier les gens de diverses nationalités asiatiques, notamment les Chinois, les Japonais, les Coréens et les Thaïlandais. Elle a ensuite fait des commentaires moqueurs en adoptant un accent pseudo-asiatique et donné des « raisons » pour lesquelles les Asiatiques n’ont pas une grande taille physique. Et, elle a également affirmé que les Asiatiques s’empareront du Canada en raison de leur nombre, ce qui aura pour résultat que « dans cent ans le pays va s’appeler “Lakanadai”. »
Le Comité régional du Québec a examiné la plainte à la lumière de la disposition sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR, laquelle interdit la diffusion de commentaires abusifs ou indûment discriminatoires fondés sur la race ou l’origine ethnique ou nationale. La majorité des membres du Comité a conclu que la séquence a en effet enfreint cette disposition, tout en reconnaissant que
c’était peut-être l’intention de Cathy Gauthier de chatouiller et de ne pas frapper à coups de marteau, mais elle n’estime pas que cette intention soit pertinente en l’espèce. Ce qui compte, après tout, c’est la façon dont les commentaires sont reçus par l’auditoire. Il faut tenir compte de plusieurs facteurs dont, évidemment, les mots qui ont en effet été employés, mais aussi la structure qu’on leur a donnée, leur ton et leur incidence sur les auditeurs raisonnables.
Elle a ensuite conclu ce qui suit :
[L]a majorité trouve que la coanimatrice se cache derrière sa honte devant le fait qu’elle n’arrive pas à distinguer les Asiatiques pour s’en servir comme tremplin pour son humour à leurs dépens. [...] La majorité […] n’estime pas que l’humour de ce numéro soit insignifiant ou inoffensif. Les commentaires indûment discriminatoires se présentent dans plusieurs formes, dont la dérision, le stéréotype et la moquerie, et ici, toutes ces formes étaient présentes.
Toutefois, un nombre minoritaire du Comité a exprimé une opinion dissidente :
On peut soutenir que les commentaires ne rejaillissent pas sur le groupe identifiable des Asiatiques, mais sur la personne qui déclare qu’elle n’arrive pas à distinguer entre les diverses nationalités asiatiques [...]. Elle rit d’elle-même et non des gens des diverses collectivités asiatiques auxquelles elle fait référence ou allusion.
Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont créé eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant la déontologie, l’emploi de stéréotypes sexuels et la présentation de violence à la télévision et ils s’attendent à ce qu’ils soient respectés par les membres de leur profession. En 1990, ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code d’éthique journalistique adopté en 1970 par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 550 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.
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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d'autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.