Le langage injustifiablement incendiaire d’un animateur constitue une infraction au code, selon le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 10 janvier 2001 — Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a publié aujourd’hui une décision dans laquelle il se prononce sur l’émission radiophonique L’heure de vérité animée par André Arthur et diffusée le matin à CJMF-FM Québec. Lors de cette émission, l’animateur a traité avec sarcasme de l’organisation d’une guignolée par la famille Péladeau, accusant la famille, entre autres, de problèmes psychiatriques, et décrivait la famille Péladeau comme une “famille de tout croches.” Dans le même ordre d’idées, l’animateur a critiqué les gens qui bénéficient d’assistance sociale au Québec, disant qu’à la fin du mois, ceux-ci “dorment” et “rotent leurs bières”, mais “dans dix jours, ils vont encore recommencer à s’endetter aux dépens de leurs enfants qui ne déjeuneront pas.” Un auditeur s’est alors plaint des allégations de nature à porter atteinte à la famille Péladeau et de ridiculiser les bénévoles de la guignolée Saint-Vincent-de-Paul, ainsi que des propos malveillants et incendiaires contre l’ensemble des bénéficiaires de prestations de la sécurité du revenu.”

Le Conseil régional du Québec a examiné la plainte à la lumière de l’article 2 du Code de déontologie de l’Association Canadienne des Radiotélédiffuseurs (l’ACR). Le Conseil est d’avis que les commentaires de l’animateur au sujet de la famille Péladeau ont enfreint le paragraphe 6(3) du Code, qualifiant le langage de ce dernier “injustifiablement incendiaire” et constituant “un similacre de liberté d’expression et le pire type d’excès journalistique auquel la radio interactive puisse succomber.” Le Conseil poursuit :

[Le langage de l’animateur] n’ajoute absolument rien qui ait un tant soit peu de valeur au débat public. Il s’agit de remarques mesquines, outrageantes et haineuses. Loin d’être complètes, elles sont vides de sens, loin d’être impartiales, elles représentent la plus injuste utilisation d’un microphone à sens unique qui soit, et loin d’être bienséantes, elles sont déplacées et inappropriées. Même s’il y avait peut-être un accent de vérité dans l’un ou l’autre des commentaires de l’animateur à propos de l’un des membres de la famille (et le Conseil n’implique pas du tout ici que ce soit le cas), il n’y a aucun doute qu’il ait mis toute la famille dans le même panier avec les grands coups qu’il a donnés, en les affublant tous d’un « c’est une famille de tout croches » pour les relier en guise de conclusion. Par conséquent, le Conseil n’a pas la moindre hésitation à juger que le radiodiffuseur a violé le paragraphe 6(3) du Code de déontologie de l’ACR en ce qui a trait aux remarques contestées.

Par contre, en ce qui a trait aux commentaires faits à l’endroit de personnes recevant de l’assistance sociale, le Conseil s’est déjà penché sur la question dans une décision antérieure, et il avait conclu que la condition sociale ne constituait pas un motif analogue à ceux énumérés de façon expresse à l’Article 2 du Code de déontologie et que par conséquent, le code ne s’y appliquait pas. D’après le Conseil :

Même si le Conseil estime que le style arrogant, agressif et moqueur de l’animateur ne rend aucunement justice à la radio, il est d’avis que les commentaires ne constituent pas une infraction dudit paragraphe. Dans un tel contexte, le Conseil est d’avis qu’il n’y a aucun bris et que la liberté d’expression doit prévaloir.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, à la télévision et ils s’attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 460 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR et tous les codes qu’il administre sont affichés sur son site Web, à , où l’on a aussi accès à ses rapports annuels et à d’autres documents et renseignements pertinents, ainsi qu’aux sites de ses membres et à d’autres sites d’intérêt. Pour plus de renseignements, communiquer avec le président national du CCNR, Ron Cohen, au (###) ###-####.