L’utilisation excessive du sarcasme enfreint les normes de radiotélédiffusion, selon le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 15 janvier 1999 – Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a publié aujourd’hui sa décision concernant une émission du Lowell Green Show de CFRA-AM (Ottawa) dans laquelle l’animateur a adopté une approche ironique pour traiter de la controverse entourant les résultats de la Commission d’enquête sur la Somalie. Un auditeur s’est plaint que cette diffusion était raciste et incitait à la haine contre les personnes d’origine somalienne.

Le Conseil régional de l’Ontario a examiné la plainte à la lumière du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR). Le Conseil a noté qu’alors que le dossier pouvait « sembler clair et net » puisque « une terminologie qui semble clairement être abusivement discriminatoire » avait été utilisée, il s’avérait être de fait « encore plus complexe » par la contention du radiodiffuseur que Lowell Green [traduction] « n’avait été que facétieux et cynique, caractéristiques de l’animateur [...] qui sont bien connues de ses auditeurs ». Au sujet de la pertinence de cet argument, le Conseil a affirmé que :

les outils de rhétorique que sont le sarcasme, la parodie, la facétie, l’ironie et l’hyperbole et autres figures semblables peuvent être utilisés comme un moyen efficace pour exprimer une perspective éditoriale, [...] mais l’emploi de ces mécanismes ne [...] protège pas leur utilisateur contre les critiques à l’effet que l’animateur a pu, à un moment quelconque, outrepasser les bornes des normes canadiennes de radiotélédiffusion.

Le Conseil a trouvé, dans ce cas, que l’utilisation par l’animateur du sarcasme avait mené à une violation du code.

Le Conseil régional de l’Ontario comprend très bien que Lowell Green tentait de ridiculiser la décision du gouvernement fédéral de fermer l’Enquête sur la Somalie. [...] Le Conseil ne considère pas que sa tentative d’atteindre son but avait été mal conçue, mais il estime qu’elle a été mal exécutée. S’il avait réfléchi à ses commentaires avant de les énoncer, l’animateur aurait compris que ses remarques allaient probablement offenser non seulement la majorité de ses cibles, nommément le gouvernement fédéral, mais également les personnes d’origine somalienne, de même que les Canadiens bien-pensants qui sont sensibles aux insinuations racistes, peu importe le groupe identifiable visé. [...]

L’effet de cette tentative de rhétorique d’égratigner les instances décisionnelles de l’arène politique n’a pas, comme elle aurait pu l’être, été modérée de façon à ne pas s’attaquer aux compatriotes des adolescents assassinés. L’animateur a donc miné la crédibilité de son propre argument. [...] Cela est d’autant plus vrai que les remarques offensantes à répétition n’ont pas été accompagnées, à aucun moment dans l’émission, de précisions qui auraient permis d’atténuer les premières remarques ce qui, par conséquent, aurait pu laisser opérationnel l’élément de sarcasme vis-à-vis la cible actuelle, tout en la démantelant à l’égard des cibles non visées. En outre, l’animateur a eu l’occasion parfaite de nuancer, ou du moins, de modérer sa position lorsqu’il a répondu à l’appel d’un participant à l’émission, Ashouk, qui n’avait pas saisi l’ironie et qui, somme toute, pouvait ne pas être le seul auditeur à ne pas l’avoir saisie.

Les radiodiffuseurs privés du Canada ont établi des normes pour l’industrie de radiodiffusion sous forme d’un code de déontologie, un code portant sur les stéréotypes sexuels et un code portant sur la violence à la télévision. Ils ont aussi créé le CCNR, qui est l’organisme d’auto réglementation ayant la responsabilité d’administrer ces codes, ainsi que le code des pratiques journalistiques de l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 430 stations de radio et de télévision de l’ensemble du Canada sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens avec les sites Web des membres et d’autres sites ainsi que l’information connexe sont accessibles sur le Web au www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec le président national du CCNR, Ron Cohen, au (###) ###-####.