Un comportement agressif et moqueur de la part des journalistes va à l’encontre des normes

Ottawa, le 19 août 1999 — Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a publié aujourd’hui deux décisions concernant les émissions d’affaires publiques J.E. et J.E. en direct diffusées par CFMTTV (TVA). La première décision porte sur un reportage de J.E. où il était question d’une transaction immobilière, soit la vente d’un presbytère, qui a mal tourné. Les paroissiens qui ont déposé la plainte affirmaient que le reportage était tendancieux et injuste. Le Conseil régional du Québec était en désaccord avec ce point de vue.

Le Conseil est d’avis que la correspondance volumineuse soumise par le plaignant s’avère surtout une remise en question du choix du sujet et de l’angle du reportage, c’est-à-dire l’accent qu’a mis J.E. sur la question de la supposition des acheteurs potentiels qu’ils avaient de fait acquis le presbytère, qui contrastait avec leur découverte qu’ils n’avaient pas un contrat exécutable. Ce choix de la part de J.E. de se pencher sur ce qui, selon certains, constituait une problématique judiciaire complexe et ancienne reposant sur un principe strict (d’aucuns diraient anachronique) et qui, selon d’autres, nécessitait une approche plus compréhensive, moderne et équitable au litige, nécessitait leur « simplification » de la nouvelle afin d’expliquer la raison pour laquelle le couple croyait avoir en effet atteint leur but, nommément l’achat du presbytère de la fabrique. Que le télédiffuseur n’ait pas inclus tous les faits et les facettes de l’histoire ne mène pas inexorablement à conclure que le reportage était inexact. Selon le Conseil, une telle exhaustivité dans les reportages d’informations et d’affaires publiques n’est pas requis, ni même raisonnable, surtout lorsqu’on prend en considération le temps limité dont disposent les journalistes pour présenter un sujet quelconque au petit écran. Bien qu’une telle limitation ne permet jamais à un télédiffuseur d’être trompeur, elle lui permet cependant de simplifier ou de téléscoper un reportage de façon juste et raisonnable afin de répondre aux contraintes du médium.

Dans la seconde décision aujourd’hui rendue publique, traitant cette fois de J.E. en direct, le Conseil régional du Québec s’est arrêté à un reportage sur les médecines douces. Ce reportage était composé de plusieurs éléments : une consultation avec un homéopathe, obtenue grâce à une caméra cachée (la journaliste ayant fait croire qu’elle était une patiente), une interview avec une patiente insatisfaite et, enfin, des interviews avec les porte-parole de plusieurs associations de médecine alternative ou traditionnelle. Le plaignant soutenait que le reportage avait un parti-pris contre les médecines douces. Le Conseil n’a trouvé problématiques ni le contenu du reportage ni l’utilisation de subterfuges journalistiques afin d’obtenir une portion de ce contenu; par contre, il a trouvé que les animateurs de l’émission ont fait preuve d’un « comportement agressif et moqueur rarement vu » à l’endroit d’un de leurs invités, traitant celui-ci d’une façon hostile qui s’avère incompatible avec les normes de radiotélédiffusion. Le Conseil a affirmé que :

Même s’ils sont provoqués, ils doivent pouvoir prendre du recul. Défier. Contester. Contredire. Ils ont tous les droits. Mais pas celui de lancer de la boue. Le Conseil est d’avis que des remarques telles « Vous allez débarquer de votre cheval blanc, puis là on va se parler franchement vous puis moi », « Non non, vous n’avez rien dit tantôt, répondez à la question » et « Aye, on n’est pas à Nagano, là! » ne sont ni justes ni équitables de la bouche d’un vétéran respecté du journalisme électronique. En attaquant et en se moquant ainsi de leur invité, M. Girouard et Mme Cazin ont « montré leurs couleurs » de sorte qu’ils ont enfreint l’Article 2 du Code d’éthique de l’ACDIRT... de même que l’Article 6 du Code de déontologie de l’ACR.

Les radiodiffuseurs privés du Canada ont établi des normes pour l’industrie de radiodiffusion sous forme d’un code de déontologie, un code portant sur les stéréotypes sexuels et un code portant sur la violence à la télévision. Ils ont aussi créé le CCNR, qui est l’organisme d’autoréglementation ayant la responsabilité d’administrer ces codes, ainsi que le code des pratiques journalistiques de l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 430 stations de radio et de télévision de l’ensemble du Canada sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens avec les sites Web des membres et d’autres sites ainsi que l’information connexe sont accessibles sur le Web au www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec le président national du CCNR, Ron Cohen, au (###) ###-####.