Un reportage comportant une information privilégiée qui aurait pu compromettre la libération d’une victime d’enlèvement est considéré un manquement aux normes journalistiques, selon le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, 9 mars 2005 - Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant un reportage sur Amanda Stamp, qui avait été enlevée de force de sa demeure de Toronto. Ce reportage présentait non seulement des photos et des extraits vidéos de la victime, sa mère qui suppliait pour le retour sa fille, un profil du suspect et un interview avec le ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels, Monte Kwinter, mais également un nouvel élément à cette nouvelle, à savoir le fait qu’Amanda Stamp aurait été aperçue dans un dépanneur. Ce segment du reportage était accompagné d’un extrait vidéo montrant des policiers au dépanneur en question, lequel a été décrit comme ayant pignon sur rue à Brampton, en Ontario, et lequel était identifiable en raison de ces extraits vidéos.

La plainte reçue au sujet de ce reportage soustendait la question suivante : la diffusion prématurée de ces renseignements aurait-elle pu avoir pour effet « de faire tuer cette pauvre dame? » (traduction) Le représentant du télédiffuseur a affirmé que Global avait diffusé ces renseignements parce qu’il « croyait que les autres médias l’avait déjà fait » (traduction). La direction générale de Global National News s’est empressée de préciser que la victime de l’enlèvement avait été libérée saine et sauve le lendemain.

Le Comité national de la télévision générale du CCNR a rappelé les articles pertinents du Code de déontologie (journalistique) : « les comptes rendus d’activités criminelles se feront de façon à ne pas sciemment mettre en danger des vies ni fournir à ses auteurs un réconfort, du soutien ou des informations cruciales. Les membres de l’ACDIRT ne chercheront pas à s’immiscer dans le déroulement d’un acte [ou] d’une activité criminelle […] qui pourrait nuire à un règlement non violent de l’incident ». Concernant la diffusion du reportage en question, le Comité a conclu que :

Dans le dossier du reportage qui rapportait qu’Amanda Stamp avait été aperçue dans un lieu spécifique, s’était identifiée et avait demandé au commis de caisse de composer le 911, le Comité estime qu’il s’agit d’une nouvelle susceptible de mettre en péril la vie de la victime. Si l’auteur de l’enlèvement avait regardé le téléjournal et avait appris ce qu’avait dit Stamp, il aurait très bien pu s’en prendre à sa victime. Cela aurait eu des conséquences désastreuses, et s’avère justement le dénouement que tente d’éviter l’article du Code. Il va sans dire que l’argument qui avait été avancé, à savoir que « les autres médias l’avait déjà couvert », a été rejeté. Il est de l’obligation de chaque média de déterminer ce qui reflète, ou ce qui ne reflète pas, les normes de l’industrie. Il est clair que chaque diffuseur doit trancher pour lui-même ces questions. Dans le cas présent, Global Television a enfreint les normes telles que stipulées dans l’article 10 du Code de déontologie journalistique de l’ACDIRT.  

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont créé eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant la déontologie, l’emploi de stéréotypes sexuels et la présentation de violence à la télévision et ils s’attendent à ce qu’ils soient respectés par les membres de leur profession. En 1990, ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code d’éthique journalistique adopté en 1970 par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 550 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d'autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.