Un sketch comique portait atteinte à la vie privée des participants, selon le CCNR

Ottawa, le 14 mai 2002  -- Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a publié aujourd'hui sa décision concernant un sketch comique diffusé le 30 juillet 2001 à l'antenne de CFTM-TV (TVA) dans le cadre de la série Tôt ou tard. Le Comité régional du Québec du CCNR est d'avis que CFTM-TV a enfreint les dispositions du Code de déontologie de l'Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) et du Code de déontologie de l'Association canadienne des directeurs de l'information radio-télévision (ACDIRT) à l'égard de la vie privée en ne respectant pas la demande que lui avaient faite deux personnes figurant dans le sketch de ne pas diffuser les séquences où elles apparaissaient.

Le sketch, enregistré à un ciné-parc, présentait à la blague une « enquête » sur le déclin de ces cinémas de plein air. Un des animateurs de Tôt ou tard y interviewait des membres de l'assistance et leur offrait des services et articles à connotation humoristique dans le contexte, tels le lavage du pare-brise de leur véhicule et du rince-bouche. Deux personnes, qui s'étaient apparemment prêtées de bonne grâce à l'enregistrement du sketch, ont demandé à l'animateur (avant même qu'il quitte le ciné-parc) de ne pas se servir des séquences où elles figuraient pour la diffusion. Le lendemain, elles ont communiqué avec TVA et avec le producteur pour leur faire la même demande. Malgré cela, les scènes où elles apparaissaient sont passées à l'écran à la diffusion du sketch deux mois plus tard. Mécontents, les deux figurants se sont plaints au CCNR.

Le Comité régional du Québec du CCNR a examiné la question à la lumière du troisième paragraphe de l'article 6 du Code de déontologie de l'ACR, qui oblige les radiotélédifuseurs à veiller à une juste présentation des nouvelles, points de vue, commentaires ou textes éditoriaux, et de l'article 4 du Code de déontologie de l'ACDIRT, qui les oblige à respecter la dignité, la vie privée et le bien-être des personnes avec qui ils traitent. Il a fait les observations suivantes lorsqu'il a jugé que la station avait enfreint ces dispositions :

[I]l va sans dire qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle. Il ne s'agissait pas même d'une question d'affaires publiques sérieuse. C'était tout bonnement un sketch humoristique, dont le but était très évidemment de divertir, mais qui n'avait aucune incidence sur la société. Autrement dit, le télédiffuseur ne pouvait prétexter l'intérêt public ni les contraintes de temps qui entrent en jeu dans un contexte journalistique et auraient nécessité la présentation des plaignants à l'écran. (Cela ne veut pas dire pour autant que l'importante question du respect du droit à la vie privée n'entre pas en considération dans le cas de personnes faisant l'objet d'un genre de reportage qui n'est pas à strictement parler du domaine journalistique.) Il a eu amplement le temps, plus de sept semaines en fait, pour démêler les autorisations et les décharges dont il avait besoin. De plus, les plaignants ont agi avec diligence. Ils ont fait le nécessaire pour s'assurer que l'entretien auquel ils avaient consenti au moment de l'enregistrement de la séquence ne soit pas diffusé. Ils ont parlé au « journaliste » immédiatement après l'enregistrement. Ils ont téléphoné au diffuseur le lendemain. Ils ont écrit sans tarder à TVA. Ils n'auraient pas pu faire plus. Ils étaient en droit de s'attendre qu'on respecte leur demande, comme tous ceux qui étaient en mesure d'y veiller en avaient convenu.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté des codes qui constituent les normes du secteur concernant l'emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l'homme, sur les ondes, et ils s'attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d'un organisme d'autoréglementation, le CCNR, qu'ils ont mandaté de veiller à l'administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l'Association canadienne des directeurs de l'information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 500 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d'un bout à l'autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d'autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.