CHCH-DT concernant Happy Days (« All the Way »)

Comité décideur anglophone
Décision CCNR 20.2122-2102
2022 CCNR 5
14 décembre 2022
S. Courtemanche (Présidente), S. Bhalesar, A. Henderson, M. Omelus, D. Siele, S. Simpson, T. Tatto

LES FAITS

Happy Days est une comédie de situation américaine dont l’action se déroule dans les années 1950. Diffusée pour la première fois de 1974 à 1984, elle met en scène une famille de la classe moyenne, la famille Cunningham, et plus particulièrement un adolescent, Richie Cunningham, et ses amis. Le tout premier épisode de la série, « All The Way » a été diffusé à l’antenne de CHCH-DT le 22 août 2022, à 17 h 30.

Dans cet épisode, Richie prévoit un rendez-vous avec une copine de classe, Mary Lou Milligan. Au début de l’émission, un ami de Richie, Potsie, encourage ce dernier à demander à Mary Lou de sortir avec lui. Il lui dit que : [traduction] « c’est une fille qui a, genre, une réputation », qui [traduction] « est même sortie avec un marin » et qui préfère les plus vieux du secondaire. Potsie passe un roman à Richie et l’exhorte à lire à Mary Lou [traduction] « les bons passages », c’est-à-dire ceux qui traitent de séduction.

Après que Richie a organisé son rendez-vous, Potsie lui dit comment se comporter avec Mary Lou. Par exemple : [traduction] « quand elle tortille ses cheveux dans ses doigts, c’est qu’elle veut un baiser avec la langue », « elle adore qu’on lui souffle dans l’oreille » et qu’il devrait lui passer un bras autour des épaules en prenant soin de garder libre sa main la plus forte. Puis Potsie sort un soutien-gorge à agrafes et lui conseille vivement de s’entraîner à le dégrafer. Richie refuse car : [traduction] « J’aime quand c’est romantique. Je vais y aller à ma façon, d’accord? » Richie hésite à aller à son rendez-vous, mais il rassemble tout son courage quand Potsie le traite de poule mouillée. À un autre de ses amis, Ralph, qui lui demande où il va, Richie répond : [traduction] « Jusqu’au bout ».

Richie a prévu retrouver Mary Lou chez des gens du quartier dont elle garde les enfants. Tous deux s’asseyent sur un canapé et Richie tente maladroitement de suivre les conseils de Potsie. Il lit à Mary Lou des passages du roman, souffle dans son oreille et passe un bras autour de ses épaules. Mais quand il essaie de dégrafer son soutien-gorge à travers son chandail, Mary Lou se lève et dit : [traduction] « Qu’est-ce que tu fais dans mon dos? Je ne fais pas ce genre de trucs. » Elle lui propose de passer à autre chose et Richie, soulagé, lui apprend à jouer aux échecs sur un échiquier qui se trouve dans le salon.

Le lendemain, tout en jouant au base-ball, les amis de Richie lui demandent jusqu’où il est allé avec Mary Lou. Richie répond de façon évasive, mais Mary Lou arrive et salue Richie avec ce commentaire enthousiaste : [traduction] « C’était le fun hier soir. On remet ça très vite. » Lorsqu’elle part, les amis de Richie lui demandent : [traduction] « Tu l’as fait, Richie? », sous-entendant l’acte sexuel. Ce à quoi Richie répond simplement : [traduction] « Vous voulez rire? »

Plus tard, rentré chez lui, Richie explique à son père qu’il se sent coupable d’avoir menti à ses amis en les laissant croire qu’il a fait l’amour avec Mary Lou. Son père lui conseille de leur dire la vérité et lui dit qu’il se sentira mieux ensuite.

Dans la scène suivante, Richie dit à Mary Lou qu’il a dit la vérité à ses amis à propos de leur rendez-vous. Suit l’échange ci-dessous :

[traduction]

Richie : Alors je leur ai dit à tous que j’avais menti. Sauf à Fonzie. Mais je vais lui dire aujourd’hui.

Mary Lou : C’est drôle.

Richie : Drôle ? Qu’est-ce qui est drôle ?

Mary Lou : Les mecs disent toujours que j’ai fait des trucs avec eux. Et toi tu dis qu’on n’a rien fait.

Richie : Mais on n’a rien fait. Attends un peu, tu veux dire que n’as rien fait avec les autres non plus?

Mary Lou : Juste embrasser. J’aime bien embrasser.

Richie : Et ça t’es égal ce que tout le monde dit de toi?

Mary Lou : Qui écoute?

Richie : Potsie écoute.

Mary Lou : Ben, entre nous, qu’est-ce qu’on y peut? Le prof de gym, il m’a dit qu’on parlait toujours des filles bien roulées. Il a aussi essayé d’attraper mon chandail.

Richie : M. Brockington?

Mary Lou : Ouais. Ce bon vieux monsieur B. Enfin, merci de ce que tu as fait.

Mary Lou part et l’ami de Richie, Fonzie, arrive en moto. Richie lui dit la vérité sur son rendez-vous avec Mary Lou. Fonzie se montre déçu et lui dit : [traduction] « à t’entendre, j’avais compris qu’elle et toi vous l’aviez fait, alors j’ai un rendez-vous avec elle cet après-midi. » Fonzie se plaint de perdre maintenant une journée pour rien de plus qu’un baiser.

Après le départ de Fonzie, Potsie rejoint Richie et lui propose d’arranger un rendez-vous avec une autre fille. Richie refuse et ils discutent :

[traduction]

Richie : Mais je peux te poser une question?

Potsie : Vas-y.

Richie : Est-ce qu’on peut tomber amoureux d’une fille qui a une réputation?

Potsie : Note bien ça, Rich. Il y a deux sortes de filles. Celles qu’on épouse et celles qui ont une réputation.

Richie : Et celles qui font des suçons?

Potsie : Hé bien ça va si, euh, euh, si elles se marient avant d’avoir une réputation. Oh, dis donc, combien de questions t’as loupé au test d’histoire, hein?

Richie : Oh, je sais que j’ai loupé celle sur l’Alaska. J’ai oublié qu’on pensait maintenant à en faire un État.

Potsie : Ah, ça n’arrivera jamais.

Richie : Bien sûr que si ça arrivera. Tu te rends compte qu’un Eskimo pourrait un jour devenir président?

Potsie : Ouais, super. À la Série mondiale, il pourrait lancer la première boule de neige.

(Une transcription plus complète figure à l’annexe A, en anglais seulement.)

Le 23 août, le CCNR a reçu une plainte d’une téléspectatrice sur cet épisode. Celle-ci s’insurge contre la diffusion de cet épisode après l’école [traduction] « à des heures où le public-cible se compose d’enfants, de pré-ados et d’adolescents impressionnables. » Selon elle, l’épisode est [traduction] « extrêmement sexiste et dégradant pour les femmes. Il présente les femmes comme des objets sexuels. Pire encore, il rapporte à la légère une agression sexuelle contre une femme mineure par rien de moins qu’un professeur en traitant l’affaire de prévisible et d’acceptable! » La plaignante note aussi [traduction] « des commentaires extrêmement racistes visant des communautés autochtones » à la fin de l’épisode. Elle précise que si ce contenu a pu être acceptable autrefois, ce n’est plus le cas selon les normes actuelles et que la station n’a pas diffusé de mise en garde au début de l’émission comme elle le fait souvent dans le cas d’émissions d’époque renfermant ce genre de contenu. Enfin, elle soutient que la station ne devrait pas véhiculer cette notion voulant qu’une agression sexuelle soit une chose normale et que [traduction] « les garçons seront toujours des garçons », et affirme qu’elle ne devrait pas [traduction] « continuer à stigmatiser et à marginaliser nos peuples autochtones. »

CHCH-DT a répondu à la téléspectatrice le 28 septembre. Il la remercie de ses commentaires et écrit :

[traduction]

CHCH admet que cette série, comme toute programmation rétro, peut renfermer un contenu qui reflète l’époque où elle a été tournée. Bien que nous ne puissions soutenir l’intention originale du producteur de cet épisode de Happy Days, nous pouvons, après l’avoir revu, accepter la possibilité que le producteur ait pu proposer des situations et des images inappropriées. Nous sommes désolés que le contenu de cet épisode vous ait choquée et nous nous en excusons.

Compte tenu de la nature du contenu de cet épisode, nous ferons précéder toute nouvelle diffusion d’un avertissement indiquant que son contenu s’adresse à un auditoire averti.

CHCH ajoute avoir mis sur pied un comité consultatif de programmation chargé de revoir tous les contenus dont la diffusion pourrait être douteuse.

La plaignante a déposé sa demande de décision le 28 septembre. Elle maintient alors que l’épisode ne devrait absolument pas être diffusé car il normalise les agressions sexuelles commises par des enseignants sur des mineurs et que [traduction] « le fait qu’il s’agisse d’une émission rétro ne vous absout pas de votre responsabilité. [...] C’était inacceptable à l’époque, et ce l’est tout autant aujourd’hui. » Elle fait valoir que [traduction] « les normes d’un comportement acceptable ont considérablement évolué à la télévision au fil des années. [...] Des choses plutôt courantes à cette époque devraient aujourd’hui être interdites. » Elle insinue également que CHCH-DT adopte généralement un point de vue misogyne en diffusant des avertissements pour auditoire averti dans le cas de stéréotypes raciaux, mais pas quand il s’agit de stéréotypes sexistes. (La correspondance complète figure dans l’annexe B, en anglais seulement.)

LA DÉCISION

Le comité décideur anglophone a étudié la plainte à la lumière des articles suivants du Code de déontologie, du Code sur la représentation équitable et du Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) :

Code de déontologie de l’ACR, article 2 – Droits de la personne

Reconnaissant que tous et chacun ont droit à la reconnaissance complète et égale de leurs mérites et de jouir de certains droits et libertés fondamentaux, les radiotélédiffuseurs doivent veiller à ce que leur programmation ne renferme pas de contenu ou de commentaires abusifs ou indûment discriminatoires quant à la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial ou le handicap physique ou mental.

Code de déontologie de l’ACR, article 3 – Stéréotypes sexuels

Reconnaissant que la présentation de stéréotypes sexuels peut avoir des influences négatives, il incombe aux radiotélédiffuseurs de faire preuve, dans toute la mesure de leurs moyens, d’une sensibilité consciente en ce qui concerne les problèmes se rapportant aux stéréotypes sexuels. Pour ce faire, les radiotélédiffuseurs doivent éviter que leur programmation véhicule l’exploitation et s’assureront que leur programmation reflète l’égalité intellectuelle et émotive des hommes et des femmes. Les radiotélédiffuseurs consulteront le Code concernant les stéréotypes sexuels à la radio et à la télévision [remplacé, depuis le 17 mars 2008, par le Code sur la représentation équitable] pour plus de précisions à ce sujet.

Code sur la représentation équitable, article 2 – Droits de la personne

Reconnaissant que tous et chacun ont droit de jouir complètement de certaines libertés et de certains droits fondamentaux, les radiodiffuseurs doivent s’assurer que leurs émissions ne présentent aucun contenu ou commentaire abusif ou indûment discriminatoire en ce qui concerne la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial ou un handicap physique ou mental.

Code sur la représentation équitable, article 4 – Stéréotypes

Reconnaissant que les stéréotypes constituent une forme de généralisation souvent et, de façon simpliste, dénigrante, blessante ou préjudiciable, tout en ne reflétant pas la complexité du groupe faisant l’objet du stéréotype, les radiodiffuseurs doivent s’assurer que leurs émissions ne renferment aucun contenu ou commentaire stéréotypé indûment négatif en ce qui concerne la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial ou un handicap physique ou mental.

Code sur la représentation équitable, article 5 – Stigmatisation et victimisation

Reconnaissant que les membres de certains des groupes identifiables suivants se voient confrontés à des problèmes particuliers se rapportant à leur représentation, les radiodiffuseurs doivent s’assurer que leurs émissions ne stigmatisent ni ne victimisent les individus ou les groupes en raison de la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial ou un handicap physique ou mental.

Code sur la représentation équitable, article 8 – Exploitation

  1. Les radiodiffuseurs doivent éviter de diffuser des émissions exploitant des femmes, des hommes ou des enfants.

Code sur la représentation équitable, article 9 – Langage et terminologie

Les radiodiffuseurs doivent faire preuve de sensibilité devant le langage ou les expressions dérogatoires ou inappropriés pour faire référence à des individus ou à des groupes en évoquant la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial ou un handicap physique ou mental, et éviter ce langage et ces termes.

  1. On doit reconnaître et renforcer l’égalité des sexes en employant un langage et des termes appropriés. Les radiodiffuseurs doivent utiliser dans leurs émissions un langage à caractère non sexiste en évitant, dans la mesure du possible, les expressions qui ne s’appliquent qu’à un seul sexe.
  2. On comprend que la langue et la terminologie évoluent avec le temps. Certains langages et termes peuvent ne pas convenir lorsqu’on parle de groupes identifiables en évoquant la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial ou un handicap physique ou mental. Les radiodiffuseurs doivent toujours faire preuve de vigilance en ce qui concerne le caractère adéquat ou inadéquat en constante évolution de certains mots et phrases en tenant compte des normes en vigueur dans la collectivité.

Code sur la représentation équitable, article, article 10 – Facteurs contextuels

Il est justifié que les émissions présentent un contenu qui semblerait autrement contrevenir à une des dispositions précédentes dans les contextes suivants :

  1. Usage artistique légitime : Les individus qui ont eux-mêmes l’esprit étroit ou qui sont intolérants peuvent faire partie d’une émission de fiction ou de type non fiction, pourvu que celle-ci ne soit pas abusive ou indûment discriminatoire;
  2. À des fins de comédie, d’humour ou de satire : Même si l’intention ou la nature drôle, humoristique ou satirique de l’émission ne justifie pas de façon absolue une dérogation aux dispositions du présent code, il est entendu que certains contenus drôles, humoristiques ou satiriques, même s’ils reposent sur la discrimination ou un stéréotype, peuvent être légers et relativement inoffensifs, plutôt que d’être abusifs ou indûment discriminatoires;

Code de l’ACR concernant la violence, article 7 – Violence contre les femmes

Les membres du comité décideur ont lu toute la correspondance afférente et ont visionné un enregistrement de l’émission en question. Le comité conclut que cet épisode de Happy Days ne contrevient à aucune disposition des codes ci-dessus.

Les questions soumises au comité concernant la représentation des femmes sont les suivantes.

1. L’épisode contient-il un contenu abusif ou indûment discriminatoire à l’égard des femmes, à l’encontre des articles concernant les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR ou du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

2. L’épisode contient-il des stéréotypes négatifs en ce qui concerne le sexe, à l’encontre de l’article concernant les stéréotypes sexuels du Code de déontologie de l’ACR ou l’article concernant les stéréotypes du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

3. L’épisode exploite-t-il les femmes, à l’encontre de l’article concernant l’exploitation du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

4. L’épisode endosse–t-il, encourage–t-il ou glorifie–t-il quelque forme de violence contre les femmes?

5. Si l’épisode contient vraiment un contenu problématique, l’article concernant les facteurs contextuels du Code de l’ACR sur la représentation équitable lui permet-t-il d’éviter d’enfreindre le code?

L’épisode en question de Happy Days a été diffusé pour la première fois en 1974, il y a 48 ans. À l’époque, il était vu comme une émission humoristique destinée à toute la famille. CHCH-DT a parlé d’une « émission rétro », mais d’autres radiodiffuseurs l’ont aussi évoquée en termes de « télévision classique » ou de « contenu traditionnel ». Tant les fournisseurs de services de télévision traditionnelle que les services spécialisés de l’ensemble du système canadien de radiodiffusion offrent une vaste gamme de ce type de contenu.

Les différents codes de l’ACR pertinents dans ce cas-ci ne font pas de distinction entre des épisodes de « télévision classique » et un contenu de programmation récent ou très récent. En fait, ils s’appliquent également, quel que soit l’ancienneté du contenu.

Le CCNR a expliqué dans d’anciennes décisions que le contenu susceptible de déroger aux articles sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR ou du Code de l’ACR sur la représentation équitable devait présenter des généralisations extrêmement négatives visant un groupe identifiable entier pour être vu comme « abusif ou indûment discriminatoire ». De la même manière, tout stéréotype doit être considéré comme « indûment négatif » pour enfreindre les dispositions des codes sur les stéréotypes.

Pour ce qui est de l’exploitation, il est vrai que l’intrigue de certaines émissions puisse compter des femmes aguichantes et légèrement vêtues1, ainsi que des hommes qui admirent et qui passent des commentaires sur des parties du corps féminin. Il est aussi exact que le contexte de certaines émissions de fiction peut rendre acceptable la présence de personnages machistes, surtout lorsque leur comportement est décrit comme négatif.

Les intrigues qui contiennent de la violence contre les femmes n’admettent pas forcément cette violence. Toutefois, celles qui traitent à la légère la violence contre les femmes à des fins humoristiques peuvent enfreindre le Code de l’ACR concernant la violence.

Dans CITY-TV concernant Beavis and Butt-head (Décision CCNR 93/94-0074, 22 juin 1994), le CCNR a étudié une scène dans laquelle Beavis, un personnage de cette émission bande dessinée pour adultes, avait employé le mot anglais slut (« salope ») pour décrire un personnage féminin fictive de l’émission dramatique Beverly Hills, 90210. La question à déterminer était si l’utilisation constitue un commentaire abusif ou discriminatoire à l’égard du sexe. Sur le base de plusieurs considérations, y compris le contexte, le comité a décidé que cette utilisation ne contrevenait pas aux dispositions du code de l’ACR relatif aux droits de la personne ou à l’exploitation :

Le ton et le contexte peuvent s’avérer des aspects très pertinents pour évaluer des commentaires faits sur les ondes. Un mot ou une phrase qui peuvent être insultants ou dénigrants lorsqu’ils sont employés seuls peuvent s’interpréter autrement lorsqu’on les entend ou qu’on les lit dans leur contexte. […] La seule question qui se pose en l’espèce est celle de savoir si l’emploi du terme « salope » [slut] est négatif ou abaissant en ce qui concerne le rôle des femmes, ou s’il constitue un commentaire abusif ou discriminatoire fondé sur le sexe.

Le Conseil régional n’était pas d’avis que cette brève séquence de 47 secondes de l’émission Beavis and Butt-Head ait été le moindrement insultante à l’égard des femmes. C’était un commentaire au sujet d’une personne en particulier dans une émission en particulier. Le mot « salope » n’a pas été appliqué de façon générique aux femmes ou même aux femmes dans l’émission en particulier. Ce mot n’a pas incité à la haine contre un groupe ou même à l’endroit d’une personne en particulier.

La question des commentaires machistes tenus par un personnage ayant également eu des comportements inappropriés avec des femmes a été étudiée dans CFMT-TV concernant un épisode de The Simpsons (Décision CCNR 94/95-0082, 18 août 1995). Étant donné que les auteurs de l’émission ne lui ont donné aucun appui et l’ont traité de manière peu gentille, sa présence et ses gestes n’ont pas été tenus pour une violation du code :

[…] Moe, le barman, est présenté comme un chauvin qui est, en fait, un chauvin tout particulièrement grossier. [...] [L]a grande partie des comportements présentés dans le cadre de l’émission d’aucunement dignes d’émulation. L’émission ne laisse pas entendre que ces paroles sont convenables. Il ne s’agit pas d’exploitation en raison de ce fait. [...] C’est plutôt le traitement « la langue au coin des lèvres » qui se moque quelque peu du comportement de Moe. On ne laisse entendre aucune approbation.

Dans l’ensemble, le conseil conclut-il, l’exagération soutenue du comportement inapproprié de Moe souligne le caractère inacceptable d’un tel comportement.

Dans CTV re Complex of Fear (Décision CCNR 94/95-0022, 18 août 1995), le CCNR a étudié un film de la semaine qui relatait l’histoire vécue d’une série de viols dans un immeuble d’appartements. Le CCNR a été d’avis que le fait de raconter cette histoire ne glorifiait pas la violence à l’endroit des femmes :

[L]e film comme tel ne présente pas de la violence gratuite ou non nécessaire à l’endroit des femmes. Autrement dit, le Conseil a affirmé qu’un film au sujet du viol ne justifie pas nécessairement le viol.

Une plainte concernant des femmes aux seins nus dans un film présenté tard le soir a mené le CCNR aux observations ci-dessous dans CKX-TV concernant National Lampoon’s Animal House (Décision CCNR 96/97-0104, 16 décembre 1997) :

Il est essentiel de se souvenir que l’objectif premier du Code concernant les stéréotypes sexuels à la radio et à la télévision porte sur l’égalité des sexes et non sur des questions de comportement d’ordre sexuel à l’extérieur des sphères d’égalité ou d’exploitation – cette dernière étant une forme d’inégalité.

Alors que la représentation des femmes dans ce film n’est pas particulièrement flatteuse, on ne peut dire pour autant que celle des hommes y est meilleure ou qu’elle leur bénéfice d’une façon quelconque. Presque aucun jeune étudiant ou étudiante interprété dans le film n’est présenté sous un jour favorable. C’est en fait un film burlesque qui met en exergue le côté frivole, narcissique et parfois dégoûtant de la vie universitaire. La question de l’inégalité de présentation des sexes n’est pas de mise dans ce film.

Dans TSN concernant un épisode de WWE (Décision CCNR 02/03-1656, 11 mai 2004), un téléspectateur était préoccupé par la représentation des femmes dans le cadre de cette émission de lutte de divertissement. L’épisode en cause renfermait une scène dans laquelle un lutteur contraint une des « filles du WWE » à danser pour lui et ses amis, et une scène dans laquelle le gérant Eric Bishoff essaie de séduire une femme en l’appelant [traduction] « beauté à gros seins » et embrasse cette femme contre son gré. Le comité national des services spécialisés n’a trouvé aucune violation de l’article 7 du Code de l’ACR concernant la violence ou de l’article 4 du Code de l’ACR concernant les stéréotypes sexuels pour les raisons suivantes :

Le comité ne trouve aucun réconfort dans la représentation des femmes ou le traitement qui leur est réservé dans le contexte de cette émission de lutte. La danse forcée de Stacy et l’attitude agressive d’Eric Bishoff envers Linda sont des exemples de la désinvolture avec laquelle on accepte que les femmes soient désavantagées par rapport aux dominateurs qui, tout au moins, sont présentés comme des agresseurs bêtes ou naïfs. Puisqu’entre autres les deux scènes, au départ bien scénarisées, finissent en queue de poisson, il n’y a pour ainsi dire aucune conclusion dramatique, pas même un développement de l’intrigue qui soit poussé assez loin pour constituer une infraction […].

Le Bye Bye 2008 de la Société Radio-Canada a suscité plus de 200 plaintes dont certaines concernaient un sketch sur le joueur de hockey Patrick Roy. Les téléspectateurs alléguaient que le sketch traitait la violence contre les femmes à la légère. Bien que le CCNR n’examine pas les plaintes visant la programmation du radiodiffuseur public, le CRTC lui a demandé d’étudier ces plaintes. Patrick Roy avait été mêlé à des disputes violentes dans le passé et avait été arrêté à un moment donné dans le cadre d’une enquête sur un acte de violence au foyer (ces accusations ont été rejetées par la suite). Au cours de l’année, Patrick et son fils Jonathan avaient fait les manchettes quand Jonathan a battu le gardien de but d’une équipe adverse du hockey junior. Certains ont prétendu que Patrick avait encouragé son fils à le faire. Le sketch en question parodiait la nature violente des mâles de la famille Roy. La scène s’ouvre sur Patrick qui entre dans la maison en défonçant la porte. Il s’approche de son épouse pour la serrer dans ses bras, mais elle prend un air méfiant dès qu’il lève le bras comme si elle s’attendait à ce qu’il la frappe. Jonathan entre ensuite dans la pièce. Patrick fait un geste de la main et Jonathan, vêtu de tout son équipement de hockey, saute sur sa mère, la renverse au sol et lui administre des coups de poing. La mère se relève avec un œil au beurre noir, mais continue de vaquer à ses occupations comme si de rien n’était. Le comité du CCNR a conclu que satiriser certains traits de la famille Roy ne posait pas de problème, mais que le fait de mettre l’accent sur la violence contre la mère violait l’article 7 du Code de l’ACR concernant la violence :

Cependant, le Comité voit un problème dans ce qu’il estime être la représentation excessive de la mère de famille comme victime. La règle dans le Code de l’ACR concernant la violence stipule non seulement qu’il est interdit aux radiodiffuseurs de présenter des émissions qui endossent, encouragent ou glorifient la violence contre les femmes, mais aussi que les femmes ne doivent pas être présentées comme des victimes de la violence à moins que la violence en question ne fasse partie intégrante de l’intrigue.

[…]

[...] Il n’y avait simplement aucun motif créateur pour que les hommes de la famille Roy battent la mère et pour laisser l’impression qu’il s’agissait d’un élément constant dans la vie de cette famille. Bien que les réalisateurs de l’émission aient pu voir ces gestes comme une image satirique des tendances violentes des hommes de la famille Roy, le Comité est d’avis qu’ils sont allés trop loin. Ils ont exagéré la réalité au niveau de la victime, et ce autant ou même plus qu’au niveau des auteurs de cette violence.

Un message promotionnel de 30 secondes pour l’émission spéciale The Roast of Joan Rivers clamait : [traduction] « Personne n’a jamais voulu voir une dame âgée se faire démolir. Jusqu’à maintenant » a enfreint les articles 7 et 8 du Code de l’ACR concernant la violence parce qu’il faisait de l’humour aux dépens des femmes âgées dans The Comedy Network concernant un message promotionnel The Roast of Joan Rivers (Décision CCNR 09/10-0259, 5 octobre 2010). Les images à l’appui consistaient en scènes très courtes dans lesquelles une femme âgée est attaquée à coups de poing ou à coups de pied. Dans chaque cas, le responsable est un homme. Un téléspectateur a protesté contre ces images de femmes âgées qui se font physiquement agresser sans provocation. Le comité a déclaré le suivant :

Ce message promotionnel présentait un déséquilibre du pouvoir entre des jeunes hommes et des dames âgées. […] Le message a endossé, encouragé ou glorifié la violence contre des personnes en raison de leur âge et de leur sexe.

Ces deux motifs sont individuellement interdits par le Code de l’ACR concernant la violence et ils le sont d’autant plus collectivement. Il fallait que le télédiffuseur trouve un autre scénario pour faire la promotion de la mise en boîte de Joan Rivers, à savoir un scénario qui ne présente pas des hommes qui battent physiquement des dames âgées. Il était déjà mauvais de montrer des dames âgées qui sont battues, mais le fait de montrer ces actes à chacune des sept occasions pour des raisons fondées sur le sexe, c'est-à-dire des actes commis par des hommes, a nettement empiré les choses. En outre, la mesure dans laquelle ce message était déplacé est révélée par le fait que l’émission faisant l’objet de la promotion ne contenait absolument aucune violence.

Dans CITY-DT concernant The Long Weekend (Décision CCNR 13/14-0046, 5 février 2014), le comité du CCNR a étudié une plainte concernant une comédie osée à propos de deux frères dans la vingtaine à la recherche de femmes avec qui s’offrir du plaisir. Il y avait de nombreuses scènes d’activité sexuelle explicite ou de références vulgaires à des actes sexuels et aux attraits féminins. Un frère était un playboy superficiel, pendant que l’autre frère était plus sérieux and à la recherche d’une relation durable. Le frère sérieux exprimait à plusieurs reprises de la désapprobation du style de vie et de l’opinion à l’égard des femmes de son frère playboy. À la fin, le frère sérieux trouve une femme respectable avec qui sortir. La téléspectatrice caractérisait le film comme étant sexiste, misogyne et de la « sex-ploitation » parce que les femmes étaient traitées uniquement comme objets sexuels et se livraient à toutes sortes de comportement sexuel. Le Comité a conclu que le film n’a enfreint aucune disposition du Code de l’ACR sur la représentation équitable :

Le Comité estime que la représentation de la femme dans ce film est celle qu’on peut attendre de ce genre de comédie vulgaire, entièrement axée sur le sexe. Quoi qu’en dise la plaignante, les femmes qu’on y voit participer à des actes sexuels sont des adultes consentantes et représentent certaines, mais pas toutes les femmes. Leur personnage est exagéré, tout comme la plupart des personnages et des situations de ce film.

Le Comité constate que les personnages masculins ne s’en tirent guère mieux. Cooper, en particulier, apparaît comme un être sans envergure, immature et superficiel. [...]

À l’inverse, et ce qui est probablement plus important, clairement dépeint comme le « héros » du film, Ed persiste à traiter les femmes avec respect tout en affichant du mépris pour le style de vie de son frère playboy.

La pertinence d’une « télévision classique » ou d’une « programmation rétro » dont le contenu ne serait plus adapté à notre époque n’est pas une question nouvelle pour le système de télévision canadien. Comme nous l’avons dit plus haut, l’offre de contenu traditionnel est largement accessible. Les télédiffuseurs ont parfois des choix difficiles à faire entre continuer à offrir un peu de ce contenu disponible et très prisé, avec le risque d’offenser des téléspectateurs et d’engranger des plaintes pour stéréotypes liés au genre, à la race ou autres, éliminer ce contenu ou encore le contextualiser en ajoutant par exemple des mises en garde avertissant que l’émission peut contenir des scènes offensantes, pouvant ne pas convenir à toute la famille. La suppression d’un tel contenu a d’ailleurs déjà provoqué des réactions négatives de la part de téléspectateurs ayant associé cette décision à une forme de censure.

Il se pourrait aussi que ce type de contenu traditionnel contrevienne à un ou plusieurs codes de radiodiffusion malgré la disposition sur les facteurs contextuels et même avec l’ajout d’une mise en garde. Il faut noter qu’une mise en garde n’a pas nécessairement à elle seule pour effet de rendre une émission conforme aux codes pertinents.

Les télédiffuseurs savent que la planification de ce type de contenu vient avec une obligation de cotation et de classification des émissions et une conformité aux normes de radiodiffusion pertinentes. Si chaque télédiffuseur adopte ses propres procédures de planification de programmation, tous connaissent leurs obligations à cet égard. Comme nous l’avons dit plus haut, les normes qui encadrent ce type de contenu sont les mêmes que celles qui régissent toute nouvelle programmation.

Comme il l’a souvent déclaré, le CCNR n’est pas un organisme de censure. Toutefois, tel qu’expliqué plus haut, il faut qu’un contenu soit déclaré « abusif ou indûment discriminatoire » ou « indûment négatif » à l’endroit d’un groupe identifiable entier pour conclure qu’il contrevient aux codes pertinents.

L’épisode de Happy Days en question est un cas d’espèce intéressant. Créée dans les années 1970, la série télévisée propose une vision idéalisée des années 1950 composée à travers le prisme des adolescents masculins de l’époque. Elle fige un moment dans le temps, elle est définitivement un signe des temps et elle semble maintenant attirer un public plus âgé, heureux de revoir cette émission de jeunesse. Même si son contenu est teinté de nostalgie, il est évident que certains de ses éléments peuvent ne pas plaire à certains téléspectateurs.

Il est aussi important de noter que Richie s’efforce pendant tout l’épisode de résister aux pressions de ses camarades désireux de le voir séduire Mary Lou et qu’il veut agir correctement, même si l’émission renferme ce qui peut être vu comme du contenu sexiste. L’intrigue est élaborée, même compte tenu de l’époque représentée. À preuve : Richie admet avoir menti sur la réalité du dénouement de sa rencontre avec Mary Lou et il avoue la vérité après avoir demandé conseil à son père et compris que l’honnêteté représentait la meilleure ligne de conduite. De son côté, Mary Lou établit elle-même clairement ses limites lorsqu’elle avertit Richie qu’elle ne fait pas ce genre de choses qui alimentent les ragots, et qu’elle aime simplement embrasser.

Pour ce qui est du contenu qui pourrait être vu comme sexiste, le comité ne pense pas qu’il soit « abusif ou indûment discriminatoire » ou « indûment négatif ». Il ne fait guère de doute que plusieurs moments, vus sous un angle plus actuel, peuvent mettre certains téléspectateurs mal à l’aise mais, comme nous l’avons dit plus haut, ces blagues et ces commentaires adolescents dénotent une époque et ne sont pas assez malveillants pour constituer des infractions aux différentes dispositions des clauses ci-dessus.

La plaignante s’est montrée particulièrement préoccupée par la remarque de Mary Lou évoquant le professeur de gym du secondaire qui lui a dit : [traduction] « on parlait toujours des filles bien roulées. Il a aussi essayé d’attraper mon chandail. » Le comité convient que ce genre de propos peut mettre certains téléspectateurs mal à l’aise, et il serait très improbable qu’ils soient produits aujourd’hui. Cependant si cette remarque peut être considérée comme offensante dans le contexte de l’épisode entier, elle ne l’est pas au point d’être qualifiée d’infraction en vertu de l’article 10 (Facteurs contextuels) du Code de l’ACR sur la représentation équitable.

Le comité souhaite féliciter le télédiffuseur de s’être engagé à [traduction] « faire précéder toute nouvelle diffusion [de cet épisode] d’un avertissement indiquant que son contenu s’adresse à un auditoire averti. » De plus, le télédiffuseur a entrepris d’améliorer ses procédures de révision en créant [traduction] « une programmation qui offrira une expérience agréable à tous les téléspectateurs ». Aussi a-t-il « créé un comité consultatif de programmation chargé d’élargir le champ de révision du contenu dont la diffusion pourrait être jugée douteuse. »

Les questions soumises au comité concernant les commentaires sur les « Eskimos » sont énumérées ci-dessous.

6. L’utilisation du mot « Eskimo » constitue-t-elle en soi un commentaire abusif ou indûment discriminatoire allant à l’encontre des articles sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR et du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

7.L’utilisation du mot « Eskimo » contrevient-elle en soi à la section b) de l’article sur le langage et la terminologie du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

8. Les commentaires sur ce(s) groupe(s) autochtone(s) constituent-ils des commentaires abusifs ou indûment discriminatoires, contrevenant aux articles sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR et du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

9. Les commentaires sur ce(s) groupe(s) autochtone(s) constituent-ils des stéréotypes indûment négatifs allant à l’encontre de l’article sur les stéréotypes du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

10. Les commentaires sur ce(s) groupe(s) autochtone(s) stigmatisent-ils indûment ce groupe, contrevenant à l’article sur la stigmatisation et la victimisation du Code de l’ACR sur la représentation équitable?

11. Si l’épisode renferme un contenu problématique à l’égard d’un groupe autochtone, l’article concernant les Facteurs contextuels du Code de l’ACR sur la représentation équitable signifie-t-il que ce contenu ne constitue pas une infraction?

La plaignante dit être préoccupée par l’échange de Richie et de Potsie à la fin de l’épisode. Dans leur conversation, ils utilisent le mot « Eskimo » et plaisantent sur le fait qu’une telle personne, devenue présidente des États-Unis, pourrait lancer une boule de neige à la Série mondiale. Autrement dit, l’utilisation de ce mot doit être située dans le contexte des États-Unis et de la prochaine intégration de l’Alaska en tant qu’État aux États-Unis dans les années 1950. Selon la plaignante, l’utilisation de ce terme est raciste et contribue à perpétuer la stigmatisation et la marginalisation des peuples autochtones.

Le mot « Eskimo » était un terme courant lors de la production de cet épisode et, bien sûr, lors du tournage de la série qui couvre les années 1950. Selon l’article « Eskimo » de Wikipedia.org2, le mot a été utilisé par des étrangers pour désigner les Inuits (y compris les Iñupiak natifs de l’Alaska, les Inuits du Groenland et les Inuits du Canada) et les Yupiks (ou Yuits) de la Sibérie orientale et de l’Alaska. Pour beaucoup d’Inuits et d’autres, ce terme est [traduction] « péjoratif, voire offensant ». Les gouvernements du Canada et des États-Unis ont pris diverses mesures pour mettre fin à son utilisation, mais son usage n’a pas totalement disparu puisqu’il figure toujours dans certains documents officiels et fait donc partie de la terminologie juridique. Par exemple, l’équipe d’Edmonton de la Ligue canadienne de football a été connue jusqu’en 2020 sous le nom de « Eskimos » et son nouveau nom, Elks, n’a été annoncé qu’en juin 2021.

L’article de Wikipedia convient que le terme « Eskimo » possède une [traduction] « forte connotation raciale » au Canada et que les termes à privilégier sont « Inuit » ou « Inuinnaq ». En revanche, « Eskimo » est toujours utilisé aux États-Unis (même s’il l’est moins fréquemment), en partie parce que l’éventuelle solution de remplacement, « Alaska Native », a des implications politiques précises dans les règlements de revendications territoriales. La plupart des Alaska Natives refusent le terme « Inuit » pour parler d’eux-mêmes.

L’étymologie du terme « Eskimo » est contestée. Le terme pourrait entre autres désigner « quelqu’un qui lace des raquettes », « ceux qui parlent une langue différente » ou « mangeurs de viande crue ».

En 1977, le Conseil circumpolaire inuit (CCI) a voté une résolution demandant d’utiliser le terme « Inuit » plutôt que « Eskimo » pour désigner tous les peuples autochtones circumpolaires, mais plusieurs Yupiks rejettent cette appellation.

L’article de The Canadian Encyclopedia, « Eskimo »3, indique que ce mot est un terme offensant et péjoratif au Canada. Son résumé de l’étymologie du terme et de la décision de 1977 du CCI est semblable à celui de Wikipedia.

Dans son article sur le terme « Eskimo », The American Heritage Dictionary of the English Language4 note celui-ci [traduction] « a été critiqué en tant que terme offensant » à cause de son étymologie qui signifierait « mangeurs de viande crue » même s’il existe d’autres hypothèses quant à la possibilité qu’il soit associé à la manière de lacer des raquettes. L’article indique que le mot « Inuit » s’applique plus précisément aux peuples du Canada et du Groenland, et comme les Yupiks de l’Alaska n’utilisent pas le terme « Inuit », le mot « Eskimo » y est plus utilisé qu’ici, au Canada.

L’utilisation des différents termes servant à définir des groupes identifiables a fait l’objet de bien des décisions du CCNR. Le CCNR a déjà trouvé problématique l’utilisation de termes tels que « wogs » et « flip-flops » à propos de Somaliens5, de « wop » et « guinea » à propos d’Italiens6 et de chinaman à propos de Chinois. En revanche, il a conclu que les termes « gwai lo »7 pour désigner les Blancs et « Gypsy » pour désigner les Roms ne constituaient pas une infraction aux codes.

Le CCNR a conclu que l’utilisation du terme « squaw » servant à désigner des femmes autochtones dans une chanson country classique contrevenait aux codes, tout comme la description négative stéréotypée des femmes autochtones dans cette chanson.

Enfin, le CCNR a statué que s’il était acceptable de se moquer gentiment et avec humour de groupes identifiables, les commentaires aboutissant à des généralisations extrêmement négatives sur des groupes entiers constituaient des infractions aux codes.

La décision en lien avec le mot « squaw » est SiriusXM concernant la chanson « Squaws Along the Yukon » par Hank Thompson sur la station Willie’s Roadhouse (Décision CCNR 15/16-1767, 21 février 2018). Le comité a examiné une chanson de 1958 diffusée sur une station de « country classique » sur radio par satellite dont les paroles étaient, entre autres, « There’s a salmon colored girl who sets my heart a whirl » (la fille a la couleur de peau qui rappelle le saumon; elle fait battre mon cœur), « she makes her underwear from the hides of grizzly bear » (des sous-vêtements fabriqués en peau de grizzli) et « the squaws along the Yukon are good enough for me » (les squaws le long du Yukon font tout à fait mon affaire). Dans une plainte, une auditrice a qualifié la chanson de sexiste, raciste et injurieuse. SiriusXM a soutenu qu’il fallait tenir compte du contexte de la chanson : [traduction] « il peut arriver que ces anciens enregistrements rappellent le manque de sensibilité et l’ignorance d’une époque révolue ». Le comité a conclu que l’emploi du mot « squaw » et certains d’autres éléments de la chanson enfreignent tous les deux l’article 2 du Code de déontologie de l’ACR et les articles 2, 3, 4, 7 et 9 du Code de l’ACR sur la représentation équitable :

Le comité est d’avis qu’en anglais, le mot « squaw » pour désigner une femme indigène est vu, depuis plusieurs décennies déjà, sous un jour péjoratif. Il revêt des connotations à la fois racistes et sexistes. Le comité estime que ces connotations négatives existaient déjà au moment de l’enregistrement initial de la chanson. Cela dit, le comité admet qu’il pourrait avoir toujours fait partie du vocabulaire commun dans certaines couches de la société.

La langue évolue avec le passage du temps. Ce mot a peut-être été largement répandu autrefois, mais il n’est plus considéré comme acceptable. Le comité en veut pour preuve les démarches entreprises pour le faire disparaître de la toponymie américaine et de plusieurs différents dictionnaires, ainsi que l’expérience personnelle des membres décideurs. Le comité conclut sans équivoque que le mot comme tel est inacceptable sur les ondes au Canada, sous réserve des exceptions établies par l’article 10 du Code de l’ACR sur la représentation équitable.

[…]

Même si, dans cette chanson en particulier, le comité ne croit pas que l’intention ait été offensante, il véhicule dans le contexte actuel de nombreux éléments problématiques. Outre la place prédominante qu’occupe le mot squaw, de nombreuses autres allusions, comme celles de la couleur de peau qui rappelle le saumon (salmon colored girl), des sous-vêtements fabriqués en peau de grizzli, du faux langage avec « ooga ooga mooschka », et le refrain lui-même qui affirme que « les squaws le long du Yukon font tout à fait mon affaire » (the squaws along the Yukon are good enough for me) et le ton paternaliste de la phrase « je prends sa main dans la mienne et je l’assieds sur mes genoux » (Then I take her hand in mine and set her on my knee) rendent la chanson tout entière d’autant plus problématique. Additionnés l’un à l’autre, tous ces éléments de la chanson concourent à rabaisser et dénigrer les femmes indigènes.

Le CCNR s’est aussi penché sur une parodie des annonces télévisées des produits Lakota pour le soulagement de la douleur causée par l’arthrite dans CKTF-FM concernant une parodie diffusée dans le cadre de Les Grandes Gueules (Décision CCNR 04/05-0763, 19 juillet 2005). La parodie était une entrevue simulée avec « l’Indien Lakota ». Les animateurs ont posé des questions à « l’Indien Lakota » au sujet de ses produits et l’« Indien » a donné des réponses comiques. Pendant l’entrevue, on a également fait allusion à sa « grosse femme nu-pieds », qu’il était un « B.S. à plume », et qu’il mangeait « du hot hibou ». Un auditeur a trouvé que ces commentaires étaient offensants. Le comité du CCNR a conclu que le sketch était légèrement moqueur, mais qu’il n’était pas abusif ou indûment discriminatoire :

Les réalisateurs de cette annonce publicitaire ont choisi de souligner le rapport entre le médicament, la tribu des Lakota et la nature. Le Comité note que l’expression « hot hibou » établit un lien anodin avec la notion de communier avec la nature, ce qui traduit en fait toute l’approche de Lakota envers le produit qu’elle annonce. Pour ce qui est des expressions « grosse femme nu-pieds » et « BS à plume », le Comité admet d’emblée qu’il s’agit d’un véhicule de satire plutôt de mauvais goût, mais il en vient à la conclusion que la parodie ne fait que poursuivre le raisonnement qui sous-tend le thème établi par l’annonce elle-même à son extrême logique ou peut-être ridicule. Le Comité est d’avis que bien que ces expressions aient un caractère légèrement stéréotypé, elles évoquent une technique plutôt chatouillante que massacrante qui frappe à coups de marteau.

Le CCNR est arrivé à une autre conclusion dans CKOI-FM concernant une séquence exécutée par Cathy Gauthier dans le cadre de Fun radio (Décision CCNR 04/05-1729, 9 septembre 2005). Dans un numéro présenté par une comédienne sur les « choses qu’[elle est] un peu gênée d’admettre », elle avait admis entre autres, qu’elle n’était « pas capable de différencier les Asiatiques », tels que les Chinois, les Japonais, les Coréens et les Thaïlandais. Elle avait également dit que les Asiatiques n’étaient pas très grands physiquement parce que « sont treize dans un deux-et-demi » et « pour ouvrir la porte du frigidaire, il y en a quatre qui doivent sortir sur la galérie ». Une majorité du comité a conclu que les propos violaient l’article 2 du Code de déontologie de l’ACR :

La majorité comprend que c’était peut-être l’intention de Cathy Gauthier de chatouiller et de ne pas frapper à coups de marteau, mais elle n’estime pas que cette intention soit pertinente en l’espèce. Ce qui compte, après tout, c’est la façon dont les commentaires sont reçus par l’auditoire. […]

La majorité du Comité n’estime pas que l’humour de ce numéro soit insignifiant ou inoffensif. Les commentaires indûment discriminatoires se présentent dans plusieurs formes, dont la dérision, le stéréotype et la moquerie, et ici, toutes ces formes étaient présentes.

Tel qu’indiqué ci-dessus, le CRTC a demandé au CCNR d’étudier les plaintes qu’il avait lui-même reçues à propos d’une émission de variétés du Nouvel An de la Société Radio-Canada dans SRC concernant Bye Bye 2008 (Décision CCNR 08/09-0620+, 17 mars 2009). La représentation de divers groupes raciaux, ethniques et nationaux constituait une des principales questions soulevée par les plaignants. Les peuples des Premières nations canadiennes étaient un groupe mentionné dans le cadre de l’émission pendant un autre monologue d’un humoriste. Il parlait du prix de l’essence et a dit qu’il n’était pas assez élevé. Le comité a conclu que la simple référence au problème d’inhalation d’essence des Premières Nations n’était pas abusive :

Le Comité admet qu’il s’agit d’une généralisation peu flatteuse, mais il n’estime pas qu’elle atteint, en tant que commentaire isolé, le niveau du commentaire abusif ou indûment discriminatoire qui déclencherait une dérogation à l’article 2, ou le niveau du contenu ou du commentaire stéréotypé indûment négatif qui serait tenu pour une dérogation à l’article 4. […] Il trouve également que l’utilisation du terme « Indiens » pour référer aux membres des Premières nations du Canada devrait être évitée, même dans un contexte humoristique, bien qu’il ne s’agisse pas pour autant d’une infraction du Code.

Dans CIDC-FM concernant une parodie du chant de Noël « Twelve Days of Christmas » (Décision CCNR 10/11-0665, 12 juillet 2011), le comité du CCNR a déterminé si une parodie du chant de Noël renfermait du contenu discriminatoire à l’égard des Italiens. Le chant était intitulé « 12 Days of a Guido Christmas » et a fait une liste des cadeaux qu’un Italien stéréotypé du Nord d’Amérique recevrait, tels que du gel pour les cheveux, des disques compact avec la musique de Frank Sinatra, des bagues pour le petit doigt, du cannoli frais et des T-shirts moulants. Bien que le titre de la chanson contienne le mot « guido », les paroles de la chanson contiennent plutôt le mot « guinea ». Le comité a conclu que l’ensemble de la chanson contenait des stéréotypes des Italiens, mais que ces stéréotypes n’étaient pas indûment négatif. Cependant, la présence du mot « guinea » dans la chanson a violé les articles concernant les Droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR et le Code de l’ACR sur la représentation équitable :

Le Comité ne voit rien qui rachète en ce qui concerne l’emploi tout à fait gratuit du mot « guinea » dans la présente affaire. […]

En ce qui concerne le contexte, le Comité ne voit aucune justification pour l’emploi du mot « guinea ». […] Ce mot est minoratif, inapproprié, abusif et inacceptable [...].

[…]

Le Comité n’est pas inconscient du fait que le contenu stéréotypé s’accompagne souvent d’un ton qui pose, en filigrane, la question suivante : « Ne trouvez-vous pas cela drôle? » On pourrait même dire que les descriptions comportent un aspect qui se moque en douceur de ceux faisant l’objet des stéréotypes. [...] [L]es commentaires faits dans chacun des couplets visaient assurément à caractériser les habitudes et les pratiques italiennes, même avec la langue au coin des lèvres, mais il ne considère pas que les commentaires étaient négatifs, et encore moins indûment négatifs.

Dans CFXL-FM concernant un commentaire fait dans l’émission Tom Kent (Décision CCNR 11/12-1195, 18 juillet 2012), une blague diffusée dans le cadre d’une émission souscrite américaine qui faisait référence au [traduction] « célèbre "chinaman", Sum Dum Guy » (la traduction approximative de "chinaman" est "chinetoque" et "Sum Dum Guy" est une onomatopée anglaise imitant le chinois dont la traduction approximative est « un idiot quelconque ») a été jugée péjorative et la diffusion a donc enfreint l’article sur le Langage et la terminologie du Code sur la représentation équitable, mais le commentaire n’a pas enfreint les articles sur les Droits de la personne pour la raison suivante :

Dans ce cas-ci, aucun commentaire n’a en réalité été fait à l’endroit des Chinois. […]

Quoique le mot ait été utilisé sur un ton apparemment léger dans l’émission en cause, le Comité note que la plupart des dictionnaires de la langue anglaise moderne qualifient ce terme d’injurieux et péjoratif. […] Même si l’on peut dire qu’il ne s’agit pas d’un terme aussi péjoratif que certains autres termes racistes utilisés pour désigner les Chinois ou d’autres groupes raciaux, nationaux ou ethniques et même si M. Kent ne l’a pas utilisé d’une façon particulièrement méchante, il n’en demeure pas moins que l’utilisation de ce terme était inappropriée et dénotait un manque de sensibilité. Étant donné l’évolution de la signification associée au mot « chinaman » au fil du temps et sa connotation actuelle nettement péjorative, le Comité des Prairies le considère suffisamment désobligeant pour ne pas être acceptable sur les ondes canadiennes […].

Dans Sun News Network concernant The Source (réseau de voleurs) (Décision CCNR 12/13-0069+, 9 septembre 2013), le comité a conclu que le monologue de l’animateur Ezra Levant commentant l’arrestation d’un groupe d’individus d’origine ethnique « tsigane » présumés être impliqués dans un réseau de vol enfreignait la disposition sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR. Ezra Levant affirmait que le vol et la criminalité faisaient partie de la culture tsigane et que les Tsiganes venaient maintenant au Canada pour [traduction] « nous arnaquer ». Il les traite aussi à répétition de « Gypsies » en anglais (Tsiganes) et déclare qu’ils ne constituent pas un vrai groupe ethnique. Bien que le comité ait estimé que les généralisations négatives visant ce groupe violaient la disposition sur les droits de la personne, les recherches du CCNR ont indiqué que la simple utilisation du mot « Gypsy » (Tsigane) et « gypped » (arnaquer) n’était pas péjorative en soi et ne violait donc pas l’article 9b) du Code sur la représentation équitable.

L’animateur de radio de Québec Jeff Fillion a fait l’objet d’une plainte pour ses commentaires sur un reportage d’enquête de la Société Radio-Canada concernant des allégations d’abus sexuels qui auraient été infligés par des policiers à des femmes autochtones en régions éloignées dans CHOI-FM concernant Fillion (Décision CCNR 16/17-0647, 4 juillet 2018). Après enquête, aucune accusation n’avait été portée. L’animateur avait déclaré qu’il n’y avait jamais cru depuis le début parce que, selon un policier avec qui il en avait parlé, de beaux jeunes policies avec de belles épouses et de jeunes familles ne risquaient pas d’être tentés par les femmes autochtones « déboîtées » des regions éloignées qui ont les dents pourries, de l’hépatite et des problèmes de drogues. M. Fillion avait insisté pour dire qu’il ne parlait pas de tous les autochtones en général, mais seulement des « cas problématiques » qui ont tendance à faire l’affaire avec la police. Le comité a conclu que les commentaires constituaient des généralisations négatives quant aux femmes autochtones et a constaté des violations de l’article 2 du Code de déontologie de l’ACR et des articles 2, 4, 5 et 7 du Code sur la représentation équitable :

Le comité décideur est d’avis que les propos de M. Fillion ont dépassé les bornes établies par les dispositions des codes en question. […]

Lorsque le comité analyse les propos de M. Fillion, il y perçoit des généralisations concernant tous les autochtones, aussi bien hommes que femmes. [...] De plus, en reprenant les propos de sa source policière à l’effet que les policiers sont jeunes et beaux avec des belles femmes et des nouveaux enfants et qu’ils ne seraient jamais tentés de tromper leurs conjointes avec « …quelqu’un qui a sans doute des problèmes d’hépatite quelque chose, des problèmes de ci, des dents pourries, euhh, des filles, ‘garde » et qu’en conséquence ces femmes autochtones sont « déboitées », ce genre d’affirmation représente des commentaires qui sont abusifs, indûment discriminatoires, constituent des stéréotypes indûment négatifs, stigmatisent et enfin dégradent les femmes autochtones.

[L]’intention d’attaquer le reportage de Radio-Canada et l’environnement difficile en région éloignée n’est pas le fil conducteur de la discussion. Ce sont plutôt les propos abusifs et indûment discriminatoires et les stéréotypes qui stigmatisent et dégradent les femmes autochtones qui ressortent de l’échange de propos.

[…] Il aurait pu explicitement dénoncer les agressions sexuelles et déclarer qu’il n’avait pas l’intention de stéréotyper ou de dégrader les femmes autochtones ou de minimiser les actes de violence ou d’agression commis envers les femmes. [...L]’animateur n’a pas offert d’excuses pour ses propos et que les clarifications n’ont pas été faites de façon limpide et sans équivoque.

Tel qu’indiqué plus haut, la plaignante a estimé que si l’épisode en question de Happy Days avait pu être acceptable dans les années 1970, [traduction] « les normes d’un comportement acceptable ont considérablement évolué au fil des années. [...] Des choses qui étaient plutôt courantes à cette époque devraient aujourd’hui être interdites. »

Le CCNR a déjà eu à se pencher sur l’application possible de l’article sur les facteurs contextuels du Code sur la représentation équitable en lien avec les œuvres anciennes. À cet égard, le premier exemple mettait en cause une chanson de 1985 qui contenait le mot « faggot » [traduction approximative : « tapette »], à savoir CHOZ-FM concernant la chanson « Money for Nothing » de Dire Straits (Décision CCNR 09/10-0818, 14 octobre 2010). Le comité du CCNR a traité de la diffusion de la version non modifiée de cette chanson qui renfermait les paroles « The little faggot with the earring and make-up/Yeah, buddy, that’s his own hair/That little faggot’s got his own jet airplane/That little faggot, he’s a millionaire ». Dans sa réponse à la plaignante qui affirmait que l’emploi du mot « faggot » est offensif à la collectivité LGBTQ+, le radiodiffuseur maintenait que la chanson était une chanson de rock classique de 1985, qu’elle avait gagné plusieurs pris de l’industrie de la musique, et qu’on la jouait à la radio pendant plus de 25 ans. De plus, la politique de la station était de diffuser des chansons non modifiées [traduction] « afin d’offrir aux auditeurs la prise authentique ». Le comité a conclu que l’emploi du mot « faggot » a violé les articles concernant les Droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR et du Code de l’ACR sur la représentation équitable ainsi que l’article 7 (Contenu dégradant) et l’article 9 (Langage et terminologie) du Code sur la représentation équitable et que la disposition concernant les Facteurs contextuels du Code sur la représentation équitable n’était pas applicable dans ce cas-ci. La décision du CCNR a suscité une énorme vague de commentaires publics et une immense couverture médiatique. Plusieurs personnes ont exigé que le CRTC renverse la décision du CCNR, et le CRTC a finalement demandé au CCNR de réunir un comité spécial pour examiner la décision. Lors de cette révision, Réexamen de la décision rendue par le Comité régional de l’Atlantique dans CHOZ-FM concernant la chanson « Money for Nothing » de Dire Straits (Réexamen de la décision 09/10-0818, 17 mai 2011), le comité national a affirmé la décision originale que le mot « faggot » est abusif et indûment discriminatoire ainsi que dégradant quant à l’orientation sexuelle, mais la majorité a conclu que les Facteurs contextuels était applicable dans ce cas :

[…] Il y a une histoire derrière la chanson. Ce Comité estime effectivement qu’un élément fort substantiel se présente dans le fait que le langage utilisé par le chansonnier ne semble pas avoir la moindre intention malveillante ou insultante. Les paroles, comme le chansonnier l’a d’ailleurs toujours expliqué publiquement depuis 1986, ont en effet été écrites, pour ainsi dire enregistrées, mot pour mot par lui pendant qu’il observait un gars qui travaillait dans un magasin d’appareils ménagers dans la ville de New York. Comme l’a dit M. Knopfler ce [traduction] « nigaud qui travaillait pour le magasin, un grand gars macho et costaud avec une, vous savez, une chemise carottée et une casquette et une paire de bottes de travail » […].

Du point de vue de la majorité du Comité national, les paroles de la chanson et l’histoire sur laquelle elles se fondent tombent carrément dans les exceptions prévues par les facteurs contextuels de l’article 10 du Code de l’ACR sur la représentation équitable. […] la situation serait précisément du genre prévu dans les premières lignes de cet article à l’alinéa 10 a) (Usage artistique légitime), [...] « Les individus qui ont eux-mêmes l’esprit étroit ou qui sont intolérants peuvent faire partie d’une émission de fiction ou de type non fiction, pourvu que celle-ci ne soit pas abusive ou indûment discriminatoire. » C’est dire que la majorité du Comité national est d’avis qu’il y a, dans l’histoire racontée dans cette chanson qui se développe considérablement sur plus de huit minutes, suffisamment de développement de l’intrigue, du scénario et du contexte pour justifier l’application de l’exception sur l’usage artistique légitime énoncée à l’alinéa 10 a). [...]

[...L]e Comité national […] ajoute qu’il estime que l’exception énoncée à l’alinéa 10 b) (À des fins de comédie, d’humour ou de satire) s’applique également. Bien que le Comité comprenne très bien que « l’intention ou la nature […] satirique de l’émission ne justifie pas de façon absolue une dérogation aux dispositions du [Code] » dans le cas d’une plainte de présentation indûment négative, elle peut justifier une telle dérogation lorsque « certains contenus satiriques, même s’ils reposent sur la discrimination ou un stéréotype [sont jugés] légers et relativement inoffensifs, plutôt que d’être abusifs ou indûment discriminatoires. » [...]

La majorité du Comité conclut que Mark Knopfler a satirisé l’attitude de jalousie affichée par le « nigaud vêtu d’une chemise carottée » qui l’a inspiré et qu’il l’a fait avec adresse et une touche légère et authentique.

La seconde décision dans laquelle un comité du CCNR a examiné l’article sur les facteurs contextuels en lien avec une œuvre ancienne a été SiriusXM concernant la chanson « Squaws Along the Yukon » par Hank Thompson sur la station Willie’s Roadhouse (Décision CCNR 15/16-1767, 21 février 2018). Les paroles de cette chanson de 1958 ont été détaillées plus haut. Le comité a conclu que l’article 10 « n’épargnait » pas les manquements aux dispositions pertinentes de contrevenir aux codes :

SiriusXM affirme que sa diffusion sur une station consacrée à la musique country classique donne aux auditeurs la possibilité de la replacer dans le contexte de son époque. [...]

En vertu de l’article 10, il existe des situations où, en fonction du contexte, la chanson pourrait être diffusée. Si elle était jouée par exemple durant une émission qui examine le traitement réservé aux indigènes dans la culture populaire, ou une émission qui fait le tour des chansons populaires à l’époque avec des mises en garde sur le contenu éventuellement inapproprié de certaines d’entre elles, sa diffusion pourrait alors tomber dans l’une des catégories d’émission décrites à l’article 10(c). Tel n’a cependant pas été le cas. Le comité ne voit pas sa diffusion sur une station consacrée à la musique country classique comme un élément probant en vertu de l’article 10.

L’article 10(b) prévoit l’usage comique, humoristique ou satirique comme critère d’exception. Bien que le comité soit conscient que la chanson a été composée sur un mode léger, il ne la voit pas comme une chanson comique proprement dite, au sens de l’article 10(b).

Un des membres du comité décideur a mis en lumière le défi que devait relever le CCNR lorsqu’il étudiait une œuvre ancienne :

À la rigueur, on pourrait soutenir qu’accompagner la diffusion de cette chanson d’une mise en garde soulignant son caractère inapproprié de nos jours remplirait une mission éducative en améliorant la compréhension dans ce pays des dommages occasionnés par les insultes du passé adressées à des groupes identifiables. Cependant, pour parler franchement, je ne me sens pas à l’aise d’appliquer les normes de la société actuelle à des chansons créées et diffusées à une époque tout à fait différente. […E]t que juger de la valeur comique d’une œuvre 60 ans après le fait, aussi grotesque qu’elle puisse paraître à des yeux ou des oreilles modernes, me semble un jeu dangereux (si la langue, la terminologie, les styles et l’acceptation peuvent se modifier et évoluer dans le temps, il en va de même pour les goûts dans le domaine du comique).

Je suis d’avis que les radiodiffuseurs, tout comme les membres décideurs du CCNR, devraient pouvoir miser fortement sur le contexte original et historique, les premiers pour leurs émissions, les seconds pour leurs évaluations. Cette chanson a 60 ans. Elle existait bien avant l’apparition du CCNR et des codes de la radiodiffusion. Bien avant certains médias de diffusion aujourd’hui répandus. Cela doit signifier quelque chose. [...] Nous ne pouvons (devrions?) pas prétendre que le passé n’a jamais existé; vouloir blanchir rétrospectivement les arts comporte des dangers évidents et une pente glissante. […]

Je suis avant tout préoccupé à l’idée que cette décision pourrait éventuellement freiner l’envie de diffuser de vieilles chansons, de vieilles émissions de télévision, etc. La décision s’applique en particulier à une chanson, mais à mon avis, elle est surtout centrée sur une section particulièrement délicate du Code sur la représentation équitable, qui affirme : « Les radiodiffuseurs doivent toujours faire preuve de vigilance en ce qui concerne le caractère adéquat ou inadéquat en constante évolution de certains mots et phrases en tenant compte des normes en vigueur dans la collectivité. » L’intention qui préside à cette déclaration est louable, mais la révision constante des normes en vigueur dans la collectivité par chaque radiodiffuseur dans chaque média de diffusion (en particulier pour des fournisseurs nationaux comme SiriusXM) présente d’évidentes difficultés et le risque de tomber dans la subjectivité, sans compter le potentiel d’oblitérer des pans entiers de l’histoire, du spectacle et des arts. […]

[…] La décision du comité de conclure à une infraction est tout à fait correcte. Mais dans ce cas-ci, elle met en lumière une question plus large à laquelle il va falloir nous attaquer. Devrait-on accorder (davantage) de l’importance au contexte historique dans les décisions de programmation prises par les radiodiffuseurs, et dans les décisions rendues par les membres décideurs du CCNR? À mon avis, c’est ce qu’il faudrait faire, et j’ai de réelles réticences à appliquer les normes actuelles à des contenus plus anciens faute de mise en contexte explicite. Évaluer dans un contenu récent les goûts, la terminologie ou la valeur comique d’après les valeurs qui ont cours n’est pas une mince tâche; appliquer uniformément les attentes actuelles aux contenus du passé pourrait s’avérer une entreprise dangereuse. [...]

Le comité considère que le mot « Eskimo » est une référence démodée, en décalage avec l’environnement d’aujourd’hui où les communautés autochtones cherchent à tout prix à s’assurer de l’exactitude des descriptions historiques de leur mode de vie, de leur travail et de leur contribution. Toutefois, comme nous l’avons noté plus haut, le terme « Inuit » ne s’applique pas uniformément dans les régions circumpolaires. Il cible plus particulièrement les peuples du Canada et du Groenland. En fait, le terme « Eskimo » est utilisé plus couramment en Alaska. Il figure aussi dans des documents officiels, devenant ainsi la terminologie juridique dans certains contextes. De plus, il existe plusieurs hypothèses sur l’étymologie de ce terme et, dans le cas présent, celui-ci était utilisé en référence à la prochaine intégration de l’Alaska en tant qu’État américain en 1959.

Bien que ce terme constitue une référence démodée et même s’il était couramment utilisé à l’époque, son utilisation démontre à quel point la population des années 1950 était déconnectée de la réalité des communautés autochtones. Il est l’expression d’un autre lieu et d’une autre époque. Le comité conclut que son utilisation n’est pas plus indûment discriminatoire ou abusive qu’elle ne contrevient aux diverses dispositions des codes pertinents cités plus haut. Par ailleurs, le comité estime que le terme « Eskimo » ne donne pas la même image négative que le terme « squaw », qui est en soi beaucoup plus péjoratif et offensant. Quant à l’image du lancer de boules de neige, elle ne représente pas une référence culturelle, mais illustre plutôt les températures fraîches et les longs hivers de l’Alaska.

En outre, le comité croit que s’ajoute à cela une récente prise de conscience, notamment à l’égard de l’utilisation d’une certaine terminologie. Les gens sont plus sensibles à l’importance d’avoir une programmation qui tienne compte de l’évolution de la société et de son adaptation positive au changement. Cela dit, le comité est conscient du fait que, comme nous l’avons dit, « Évaluer dans un contenu récent les goûts, la terminologie ou la valeur comique d’après les valeurs qui ont cours n’est pas une mince tâche », ce qui implique que les radiodiffuseurs doivent traiter les enjeux liés aux émissions rétro très prisées tout en s’assurant que leur contenu respecte les codes de radiodiffusion pertinents, sans toutefois censurer toutes les œuvres anciennes.

Si cet épisode de Happy Days illustre l’utilisation d’une nomenclature courante à une époque et représente un retour à une époque donnée, le comité croit néanmoins que les défauts de cette époque et du lieu sont évidents.

Tel que noté plus haut, le comité félicite le télédiffuseur qui a entrepris de [traduction] « faire précéder toute nouvelle diffusion [de cet épisode] d’un avertissement indiquant que son contenu s’adresse à un auditoire averti. » De plus, le télédiffuseur s’est engagé à améliorer son processus de révision en créant « une programmation qui offrira une expérience agréable à tous les téléspectateurs ». Dans ce but, il a mis sur pied « un comité consultatif chargé d’élargir le champ de révision du contenu dont la diffusion pourrait être jugée douteuse. »

Le comité pense que ces mesures faciliteront vraisemblablement les choix des téléspectateurs qui voudront regarder des œuvres historiques.

Réceptivité du télédiffuseur

Dans toutes les décisions rendues par le CCNR, ses comités évaluent dans quelle mesure le radiodiffuseur s’est montré réceptif à l’égard du plaignant. Bien que le radiodiffuseur ne soit certes pas obligé de partager l’opinion du plaignant, sa réponse doit être courtoise, réfléchie et complète. Dans la présente affaire, CHCH-DT a fourni une réponse acceptable à la plaignante. Ce radiodiffuseur ayant rempli son obligation de se montrer réceptif, il n’y a pas lieu d’en exiger davantage de sa part.

La présente décision devient un document public dès sa publication par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision.

[1]CHCH-TV concernant un épisode de Baywatch (Décision CCNR 94/95-0045, 23 août 1995).

[2]« Eskimo », Wikipedia, https://en.wikipedia.org/wiki/Eskimo, accédé le 24 octobre 2022.

[3]« Eskimo », The Canadian Encyclopedia, https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/eskimo, accédé le 24 octobre 2022.

[4]« Eskimo », The American Heritage Dictionary of the English Language, https://www.ahdictionary.com/word/search.html?q=Eskimo, accédé le 24 octobre 2022.

[5]CFRA-AM concernant The Lowell Green Show (Enquête sur les événements survenus en Somalie). (Décision CCNR 96/97-0238, 20 février 1998).

[6]CKTB-AM concernant un épisode du Phil Hendrie Show (Décision CCNR 02/03-0383, 2 mai 2003).

[7]CFMT-TV concernant Gwai Lo Cooking (Décision CCNR 99/00-0220, 6 juillet 2000).

ANNEXE A

CHCH-DT aired the episode of Happy Days entitled “All the Way” on August 22, 2022 at 5:30 pm.

The plot involves Richie planning for and then going on a date with his classmate Mary Lou Milligan.

The episode begins with Potsie telling Richie he has fixed him up with Mary Lou Milligan. Potsie also purchased the book I, the Jury by Mickey Spillane for Richie so that Richie will seem experienced.

Potsie: Wow, Mary Lou’s as sexy as Brigitte Bardot.

Richie: I know. I know a lot about her. I sit right behind her in English.

Potsie: Yeah, but there’s things you probably don’t know about her from English.

Richie: Like what?

Potsie: Like she’s kind of got a reputation.

Richie: Mary Lou?

Potsie: She even once dated a sailor.

Richie: Did she ever go out with you?

Potsie: Are you kidding me?

Richie: She did?

Potsie: Are you kidding me?

Richie: I don’t know. Am I kidding you?

Potsie: Well, if you don’t believe me, we could just forget about it.

Richie: Keep your shirt on.

Potsie also tells Richie that Mary Lou prefers high school seniors, so he lied and told Mary Lou that Richie was held back three times which is why he is only in his junior year. They go inside the diner where the local teenagers hang out and see Mary Lou Milligan. Potsie encourages Richie to go over and talk to her.

Richie: I won’t know what to say to her.

Potsie: That’s why I got you the book. Then she knows you’re not inexperienced about those things.

Richie: I show her the book?

Potsie: No, you read her the good parts. And the best way to show you’ve been around is when you read, sort of ha, ha, ha. Laugh it off, like you’ve been there already.

Potsie and Richie sit at a booth with Mary Lou. Potsie encourages Richie to read from the Spillane book. Richie asks Mary Lou if she would like to go to the movies with him that night. She says she cannot because she has to babysit for the Kelly family, but that Richie can help her babysit. She leaves.

Potsie: Babysitting with Mary Lou Milligan! Man, oh man, you got it made in the shade!

Later that evening, Richie is in the bathroom of the diner getting ready for his date. Potsie comes in.

Potsie: Now remember, when she twists her hair, that’s a sign she wants to French kiss. And she loves it when you blow in her ear.

Richie: All right. But tell me what you did. So I don’t do exactly the same thing. Otherwise it might look kind of suspicious. You know what I mean?

Potsie: Yeah, yeah, maybe you’ve got a point. Okay, let me think. First I turned down the lights. Put on “My Prayer” by the Platters. Put arm around back of couch, so it’s around her.

Richie: Oh, which arm?

Potsie: Well, that depends on which side of the couch you’re sitting on. If you’re right-handed, you sit on the left side or vice versa.

Richie: So you keep your strongest hand free.

Potsie: Right. And, uh, I brought this just in case. [Potsie pulls a brassiere out of his jacket]

Richie: What are you, crazy?

Potsie: It’s a brassiere closed by hooks.

Richie: So?

Potsie: Hooks are hard to open. Did you ever take out a girl with hooks?

Richie: Well, uh, no. All my girls had buttons.

Potsie: Buttons? Rich, it’s either snaps or hooks.

Richie: Oh well, I meant snaps.

Potsie: Well, you better practice just in case.

Richie: Practice?

Potsie: [puts the brassiere on the radiator in the bathroom] Yeah. You don’t say “open sesame” and it unhooks.

Richie: Well, I like it to be romantic. I’m just going to do it my way, all right? I’m going.

Potsie: Okay. I didn’t know I was dealing with Cary Grant.

Richie leaves the bathroom. Potsie turns to the brassiere on the radiator and tugs on it, but it won’t open. Fonzie walks in and surprises Potsie. Potsie is embarrassed and leaves quickly. Fonzie rubs the fingers of one hand together, then opens the brassiere with one hand.

Potsie finds Richie standing outside the diner.

Potsie: What are you doing here? Hey, you’re not afraid of Mary Lou Milligan?

Richie: Nah. I just never dated a girl who went out with a sailor before. You know?

Potsie: Are you chicken?

Richie: No, I’m not chicken. I’m going.

Potsie: Go on. You’ll do all right.

Richie walks past Ralph who has the trunk of his car open.

Ralph: Hi, Cunningham. Where are you going?

Richie: All the way.

Ralph is so surprised, he bangs his head on the trunk hood.

Mary Lou lets Richie into the Kellys’ house. They sit down on the couch beside each other.

Mary Lou: So, let’s talk.

Richie: Talk?

Mary Lou: Yeah, talk. And then, whatever.

Richie: Yeah, yeah, I know. Whatever. Well, what did you want to talk about?

Mary Lou: I don’t know. [she moves closer to Richie] You?

Richie: Me? Well, I live on Rich Street and my father owns a hardware store on the corner of Alcott.

Mary Lou: We don’t really have to talk.

Richie: Oh, fine. [Richie stands up and removes his jacket] You know, you’re right. You can talk any time. You can talk at school. I have a better idea. Uh, why don’t we read?

Mary Lou: Okay by me. Do you want me to turn down the lights a little?

Richie: Yeah. Uh, no. Only that little one. I don’t want to get eye strain. My mother’d kill me if I came home tonight needing glasses.

Mary Lou: Oh, yeah.

Mary Lou turns off one light and they sit back down together on the couch. Mary Lou begins twisting her hair and smiling at Richie. Richie looks nervous. He begins reading.

Richie: “Her eyes were blazing into mine. I was only human. I bent over her, taking her mouth on mine.” [Mary Lou pushes her hair back and leans closer to Richie] “Her body was a hot flame.” [Richie stops reading and blows on Mary Lou’s neck]

Mary Lou: Is there a draft in here?

Richie: No. That was me blowing in your ear.

Mary Lou: Oh. [Richie puts his arm around her shoulder] You want to neck?

Richie: Sure. If you think this is the right time. Sure.

Mary Lou: Okay.

Richie: Wait a minute.

Richie takes a stick of gum out of his pocket, chews it for a few seconds, then puts it back in the wrapper. Richie and Mary Lou stand up and Richie kisses her.

Mary Lou: Ow.

Richie: What’s wrong?

Mary Lou: You kiss funny.

Richie: Funny?

Mary Lou: Yeah, you kiss with your mouth closed so tight.

Richie: Oh, did I do that? You know, I wasn’t even aware of it. I’ll pay more attention next time.

Mary Lou nods, closes her eyes and puckers her lips for another kiss.

Richie: Excuse me. Can we sit down on the couch for this next thing?

Mary Lou: Okay by me.

Richie: Great.

They sit back down on the couch. Richie puts his arms around Mary Lou and they kiss. He puts his hand on her back.

Mary Lou: What’s the matter?

Richie: Can we switch sides? You see, I’m right-handed.

Mary Lou: Sure. [They switch places on the couch.] Is that in the book?

Richie: No, I got that one on my own.

They kiss again and Richie tries to undo her bra through her sweater. She wriggles away and puts her hand to her back.

Mary Lou: What are you doing back there?

Richie: Uh, back where?

Mary Lou: I don’t do things like that.

Richie: You don’t?

Mary Lou: No. I’m sorry.

Richie: [mutters to himself] He didn’t tell me what to do if you said no.

Mary Lou: What?

Richie: Uh, nothing. It’s just that you liked the book. You twisted your hair a lot.

Mary Lou: I always twist my hair a lot. If you don’t like it, just say so. But don’t grab my sweater. You’ll stretch it.

[fingers the fabric of her sweater] Oh, but listen, this is real good material. This won’t stretch much.

Mary Lou: Well, let’s do something else.

Richie: Really? I mean, that’s really a good idea. Look, there’s a chess set.

Mary Lou: Oh, but you have to be smart to play.

Richie: Oh no you don’t. I’ll show you.

Mary Lou: Really?

Richie: Sure. My father taught me.

Mary Lou: Okay.

Richie: See, this is a castle. This is a knight. This is a bishop and this is a king. The object of the game is for you to try to take my king.

Mary Lou: [grabs Richie’s king piece off the chessboard] I won!

Richie: Uh, no. We better start from the beginning.

The next day, Richie is playing baseball with his friends.

Potsie: Come on, Rich. I’m your best friend. You can tell me. How far’d you get?

Richie: All I’m saying is Mary Lou’s a nice girl.

Potsie: You didn’t get very far.

Richie: Lay off, Potsie, will ya?

Potsie: Okay.

Richie: Okay.

Ralph: Hey, Cunningham. Darcy Rosewald said you did a little babysitting over the weekend. Well, did ya? [Ralph looks at Richie, eager to know]

Potsie: Tell him.

Richie: You know something?

Mary Lou: [arrives out of nowhere] Hi, Richie! It was fun the other night. [Richie’s friends look on in surprise] Let’s do it again real soon.

Richie: Fine.

Mary Lou: Call me.

Richie: Sure.

Mary Lou: Okay.

Richie: See ya. [Mary Lou leaves]

Ralph: You did? Huh, Rich?

Richie: Well, I better go take my swings now.

Ralph: Did you, Richie?

Richie: [Potsie and Fonzie look on in anticipation of the answer] You kidding? [Fonzie gives him the thumbs up sign]

Potsie: He’s my best friend.

Back at home, Richie is in the shower. His father Howard enters the steam-filled bathroom and asks Richie why he has been moping around for the last few days.

Richie: I don’t know if I can talk about it with you.

Howard: Why not?

Richie: Well, it’s sexual.

Howard: Richard. Sex is exactly what a son should discuss with his father. I mean, you don’t want to learn about it on some street corner, now do you? Now, what’s the problem?

Richie: Well, this friend of mine, see.

Howard: It’s always a friend.

Richie: He said he did something because everybody else said they did and he didn’t want to be the only one. So he said he did, but he didn’t because she wouldn’t and he was embarrassed he didn’t.

Howard: I have no idea what you’re saying.

[...]

Richie: My friend lied to everybody about a girl.

Howard: Oh well, it’s obvious that the lie is bothering him and he ought to go back and tell the truth.

Richie: To everybody? I mean, even Fonzie?

Howard: What’s a Fonzie?

Richie: Arthur Fonzarelli. He dropped out of school. [...] It’s a little embarrassing to tell the truth. I mean, for my friend.

Howard: Richard, if it was easy there’d be no problem, huh? And then, uh, your friend wouldn’t be moping around all the time. [...] Truth is the best answer. Believe me. Then you, your friend, the girl and this Fonzie person will all feel much better. Take my word for it.

Back at school, Richie talks to Mary Lou.

Richie: So I told all the guys I lied. Except Fonzie. And I’ll tell him today.

Mary Lou: That’s funny.

Richie: Funny? What’s funny?

Mary Lou: The boys are always saying I did things with them. And you said we didn’t.

Richie: But we didn’t. You mean, you didn’t with the other guys either?

Mary Lou: Just kissing. I like to kiss.

Richie: And you don’t mind what everybody says about you?

Mary Lou: Who listens?

Richie: Potsie listens.

Mary Lou: Well, I mean, what can you do? The gym teacher, he told me built girls always get talked about. He tried to grab my sweater too.

Richie: Mr. Brockington?

Mary Lou: Yeah. Good old Mister B. Anyway, thank you for what you did.

Richie: Oh well, I feel –

Mary Lou: And I meant to tell you. You’re very smart for someone who was left back three times.

Richie: Well, I ... thank you.

Mary Lou: Oh hey, there’s Fonzie. Well, I’ll see you later. I’m going to the girls’ room to check my face.

Richie: Oh, all right. See ya.

Mary Lou: Bye. [she leaves]

Fonzie pulls up on a motorcycle.

Richie: Hey, Fonzie. Can I talk to you for a minute? Well, remember the other day I was telling you about me and Mary Lou Milligan? [Fonzie nods] Well, the fact is I played chess.

Fonzie: You played with her chest?

Richie: No, chess, Fonzie. The game chess. We didn’t do anything. I lied.

Fonzie: Oh.

Richie: So I thought I should probably –

Fonzie: You know, that makes me mad.

Richie: I don’t like to make you mad, Fonzie.

Fonzie: No, I mean, seeing how you said you did, I figured you did and she did, so I got a date with her myself this afternoon.

Richie: Oh.

Fonzie: I’m gonna waste a whole day ... and gas.

Richie: She kisses real good.

Fonzie: I polished my bike for a kiss?

Richie: I’m really sorry.

Fonzie: Come here. [Fonzie puts his arm around Richie] I’m going to forget it this time. But no more lying. [Richie nods] I’ll do all the lying.

Mary Lou: [comes back] Hi, Fonzie. I’m ready. [She gets on the back of Fonzie’s motorcycle] Let’s ride. It’s going to be fun. This is really going to be fun.

Fonzie: [gets onto motorcycle] It ain’t gonna be that much fun.

Potsie comes running over to Richie.

Potsie: I found out who gave Ralph Malph his hickey.

Richie: Who?

Potsie: Sue Ellen Lysky. I got a Coke date with her.

Richie: Oh gee, that’s great, Potsie.

Potsie: Hey listen, I could fix you up with her best friend Debbie Hawkhauser who also bites.

Richie: No thanks.

Potsie: Okay.

Richie: But can I ask you a question?

Potsie: Go ahead.

Richie: Can you fall in love with a girl who has a reputation?

Potsie: Write this down, Rich. There’s two kind of girls. Those you marry and those that got a reputation.

Richie: What about the ones who give hickeys?

Potsie: Oh well, they’re okay if, uh, uh, if you marry them before they get reputations. Oh say, how many questions did you miss on the history test, huh?

Richie: Oh, I know I missed that one on Alaska. I forgot they’re thinking about making it a state now.

Potsie: Ah, it’ll never happen.

Richie: Sure it will. Do you realize someday an Eskimo could become president?

Potsie: Yeah, terrific. At the World Series, he could throw out the first snowball.

ANNEXE B

The Complaint

The CBSC received the following complaint on August 23, 2022:

Television Station: CHCH

Program Name: Happy Days

Date of Program: 22/08/2022

Time of Program: 5:30PM

Specific Concern:

The title of this episode is "All the Way". Happy Days is a family situation comedy. This episode was aired in the after school hours when impressionable children, preteens, and teens are the target audience.

This particular episode was extremely sexist and demeaning to women. It objectified women as sexual objects. Even worse, it flippantly referred to the sexual assault against a minor female, by a teacher no less, as expected and acceptable!

At the end of the episode there are a number of extremely racist remarks against indigenous communities!

I cannot believe that [in] today's day and age this is acceptable material to be teaching children! It may have been acceptable back in the seventies when it first aired, but it is certainly not acceptable by today's standards. To add insult to injury, the station did not air the blurb they commonly have at the beginning of vintage programs warning of such material and explaining why they are airing it. Which in this case they absolutely should not have aired. It is media such as this that continues to promote the notion that sexual assault against women and minors is ok and that boys will be boys. These programs serve to continue the stigmatization and marginalization of our indigenous peoples.

Broadcaster Response

CHCH-DT responded on September 28:

We are in receipt of your email dated August 22nd, 2022 regarding the episode of the series Happy Days titled “All the Way.” Please know that we take your complaint seriously and we have held a copy of the logger tape of the broadcast that concerned you, as per CBSC requirements.

Thank you for bringing this concern to us. It is feedback such as yours that helps us to better understand the needs and concerns of our audience, which, in turn, helps us make informed programming decisions that create a more positive viewing experience.

CHCH understands that series, such as the retro programming, may contain content that is a reflection of the time it was produced. While we cannot defend the producer’s original intention of this episode of Happy Days, after reviewing, we can accept the possibility that the producer may have included inappropriate portrayals and situations. We apologize that the content in this particular episode was offensive to you.

Given the nature of the content in this particular episode, we will air a Viewer’s Discretion Statement prior to any future airings.

It may give you comfort to know that in addition to airing a Viewer’s Discretion Statement prior to any programs that may contain outdated terms or portrayals, we continue to work to improve our review process, striving to create a schedule that is an enjoyable viewing experience for all. We have created a Programming Advisory Committee that will widen the scope for reviewing any content that may be deemed questionable for air.

Thank you for your feedback and continued support and viewership of CHCH.

Additional Correspondence

The complainant sent an email to the station and submitted her Ruling Request on September 28. Both documents contained the same message:

Thank you for your response; however I do not accept your apology. You and your station still do not get it, as evidenced by the fact that you state in your apology that you may air this episode again! This isn't just about an inappropriate situation or offensive comment. The episode was normalizing the sexual assault and abuse of young girls, minor children, by their teachers and portraying it as an acceptable behavior! Children seeing this will think and feel that sexual advances from adults, particularly from teachers, is okay. Many will not report abuse because you are telling them that it's okay. Being a retro show does not absolve your responsibility, or permit you to say that it was a sign of the times so it's ok. Are we back in the boys will be boys era? Or the old boys network? Or maybe the blame the victim scenario? What the director intended is of absolutely no consequence here. It was wrong then and it is wrong now.

As a teacher myself, I feel that it is my duty to bring this to the attention of teachers federations, boards of education, and the media.

As an aside, I find that your station very often takes a misogynistic point of view. You air your viewers discretion statement on retro shows that portray racial stereotypes or slurs, but you do not do that when the bias or prejudice is against women. I used to love the TV show Bewitched as a child. I was watching episodes on your station a while back and they made me sick. They were so blatantly misogynistic that I couldn't believe we would still air garbage like that in this day and age.

Standards of acceptable behavior on television have evolved considerably over the years. Things that were forbidden years ago are quite commonplace these days. We don't even think about it. It is time for your station's programming to evolve to the times and the culture of 2022. Things that were quite common then should be forbidden now. If you're looking for retro shows to air, I would suggest shows like All in the Family or MASH; so she was values [sic] are just as relevant today. Your regularly scheduled sitcoms and dramas are all white TV shows with very few or no characters of colour or visible minorities.