Il n’y avait pas lieu de glorifier la violence contre les femmes âgées dans un message promotionnel, déclare le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 3 novembre 2010 - Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant un message diffusé en septembre 2009 par The Comedy Network en vue de faire la promotion de l’émission The Roast of Joan Rivers. Ce message promotionnel montrait des femmes âgées qui sont battues par des jeunes hommes. Le CCNR a jugé que ce message a enfreint le Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR).

L’accroche du message promotionnel était [traduction] « Personne ne veut voir une dame âgée se faire démolir. Jusqu’à maintenant. » Elle faisait référence à l’humoriste américaine Joan Rivers, âgée de 76 ans, qui ferait l’objet d’une mise en boîte dans l’émission publicisée par la promotion. Cependant, le message promotionnel comme tel montrait une série de dames âgées anonymes effectuant des activités de tous les jours comme regarder des cartes de souhaits, prendre un repas dans un restaurant, tricoter et jardiner. Dans chaque cas, un jeune homme arrivait subitement et attaquait physiquement la dame ou lui donnait des coups de poing ou des coups de pied.

Un téléspectateur s’est plaint que le message promotionnel montrait des femmes âgées qui sont agressées physiquement sans provocation. The Comedy Network a expliqué que le message se voulait un tour humoristique axé sur l’accroche « démolir » une dame âgée et le [traduction] « léger choc ressenti lorsqu’on voit des femmes plus âgées qui se bagarrent, ce qui est un scénario inhabituel. » La station a également admis que certains téléspectateurs pourraient trouver le message perturbant et a assuré le plaignant qu’il ne serait jamais plus diffusé. Le plaignant a fait remarquer que le message promotionnel ne montrait pas deux dames âgées qui se bagarrent comme le laissait entendre The Comedy Network.

Le Comité national des services spécialisés du CCNR a étudié la plainte à la lumière de l’article 7 du Code de l’ACR concernant la violence, lequel interdit de présenter des émissions « qui endossent, encouragent ou glorifient quelque forme de violence contre les femmes » et de l’article 8, lequel énonce la même interdiction quant à la présentation de la violence fondée sur l’âge et le sexe (parmi d’autres catégories identifiables). Le Comité a jugé qu’étant donné que ce message a endossé, encouragé ou glorifié la violence à l’endroit des personnes en raison de leur âge et de leur sexe, sa diffusion a contrevenu à ces deux articles. Le Comité a fait les observations suivantes :

Dans l’affaire qui nous occupe, le Comité comprend le but humoristique du télédiffuseur faisant partie d’un réseau d’émissions comiques [...]. Que le Comité comprenne le but ne veut pas dire qu’il est d’avis que le message promotionnel constituait la bonne approche. [...]

Ce message promotionnel présentait un déséquilibre du pouvoir entre des jeunes hommes et des dames âgées. Il ne présentait pas, comme l’a dit le télédiffuseur dans sa lettre, [traduction] « des femmes plus âgées qui se bagarrent », ce qui laisse entendre un genre d’équilibre ou d’égalité, et qui, comme l’a admis le télédiffuseur, aurait été inhabituel en soi. Le plaignant lui-même a déclaré dans sa réponse à ce point qu’a fait remarquer le télédiffuseur que le message promotionnel n’était pas [traduction] « un scénario allègrement archifou comme deux dames âgées qui participent à un match de boxe ou à une lutte ultime dans une cage. » [...] Il fallait que le télédiffuseur trouve un autre scénario pour faire la promotion de la mise en boîte de Joan Rivers, à savoir un scénario qui ne présente pas des hommes qui battent physiquement des dames âgées. Il était déjà mauvais de montrer des dames âgées qui sont battues, mais le fait de montrer ces actes à chacune des sept occasions pour des raisons fondées sur le sexe, c’est-à-dire des actes commis par des hommes, a nettement empiré les choses. En outre, la mesure dans laquelle ce message était déplacé est révélée par le fait que l’émission faisant l’objet de la promotion ne contenait absolument aucune violence.

Les radiodiffuseurs privés canadiens ont créé eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant la déontologie, la représentation équitable, la présentation de violence à la télévision et l’indépendance journalistique, et ils s’attendent à ce qu’ils soient respectés par les membres de leur profession. En 1990, ils se sont dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle, et des codes visant les services de télévision payante, ainsi que du code concernant la déontologie journalistique qui fut élaboré par l’ACDIRT - Association des journalistes électroniques - en 1970. Plus de 735 stations de radio, services de radio par satellite, stations de télévision et services de télévision spécialisée, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.